Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!
Surnommés « les lévriers des mers, les bâtiments torpilleurs de la Marine Nationale française ont joué un grand rôle pendant la Première Guerre mondiale. Ils étaient apparus dès la fin du XIXe siècle et ont été désignés tour à tour par les appellations suivantes : torpilleurs numérotés, torpilleurs de défense mobile, aviso-torpilleurs, torpilleurs, torpilleurs d’escadre et contre-torpilleurs.
Ainsi le Torpilleur 134, construit en 1891 par les Ateliers Augustin Normand au Havre, était du Type Normand 130 (torpilleurs de N°130 à 144). Il mesurait 34 mètres de long, 3,5 mètres de large, 2,1 mètres de tirant d’eau, pour 52 tonnes. Son moteur à vapeur développait 720 chevaux avec sa chaudière à tube d’eau (système Du Temple) qui le propulsait à 20 nœuds.
La taille et la forme des bâtiments de la première génération des torpilleurs les rendaient très caractéristiques, à la fois petits, fins et rapides. Mais le développement des moteurs au fuel rendit obsolètes les bonnes vieilles chaudières à vapeur et c’est toute la première génération qui fut déclassée assez rapidement. Le Torpilleur 134 faisait partie de ceux-là et accéda à la retraite dès les premières années du XXe siècle.
A la fin de sa carrière, le Torpilleur 134 eut encore une utilité dans la Marine en servant de cible pour l’entraînement au tir des grosses unités. Pour cela il avait été débarrassé de ses parties les plus polluantes et il n’était donc plus en état de naviguer seul. Remorqué par le remorqueur Hercule dans la baie d’Hyères en cette fin d’année 1907, il assurait ses dernières missions qui allaient immanquablement l’envoyer par le fond. Le croiseur Pothuau tira sur lui du 10 au 14 décembre 1907. A la fin de la période d’exercices, le courageux torpilleur flottait toujours bien droit sur sa quille. Mal en point à cause de tous les obus qu’il venait de recevoir, il refusait obstinément de couler, comme s’il voulait encore échapper à son destin.
Qu’à cela ne tienne, on décida donc de le remorquer au port de Toulon, jusqu’à la prochaine campagne de tir. Mais sur le chemin, en ce 17 décembre 1907, le Torpilleur 134, à bout de souffle, finit par abdiquer et sombra vers la pointe de l’Escampobariou, près de la presqu’île de Giens, un peu comme s’il avait voulu choisir lui-même le lieu et l’heure de son naufrage…
Le navire a chaviré à environ 500 m au large de la pointe de l’Escampobariou sur un font sablo-vaseux par 68 mètres de fond, à une latitude de 43° 01′ 512 N et une longitude de 06° 05′ 512 E.
Les clubs de plongée locaux organisent des plongées sur le Torpilleur 134, mais du fait de la profondeur importante, elles sont réservées aux plongeurs confirmés, principalement au Trimix.
L’épave est encore assez bien conservée malgré son âge. La partie arrière avec l’hélice et son arbre suspendu sont encore visibles. Les superstructures remontent d’environ 4 mètres, habitées par d’énormes éponges et gardées par les congres et les mostelles.
Le Torpilleur 134 est présenté dans le fameux livre d’ Anne et Jean-Pierre Joncheray : 100 épaves en Côte d’Azur de la Ciotat à Saint-Tropez.
Très belles épaves, mais n’oubliez pas ceux qui les découvrent et dont je fais état sur ma page de blog ce jour dans https://le-scaphandrier.blog4ever.com/pour-noel-un-hymne-pour-les-pirates