Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!
Le Bazan était un cargo mixte à voile et à vapeur en acier, construit par les chantiers Readhead John & Son, à South Shield en Grande Bretagne en 1880 pour le compte des armements Roca de Barcelone, en Espagne. D’une longueur de 60 mètres sur 9 mètres de large et 4,7 mètres de tirant d’eau, il était propulsé par une machine à vapeur Compound à deux cylindres de 87 cv et d’un gréement de voiles sur trois mâts. Vendu en 1894 à Pedro Perez de Gante, de Bilbao, le Bazan finira sa carrière pour Azqueta, de San Sebastian, de 1910 au 21 décembre 1917, date de son naufrage.
Hervé Levano, historien des épaves, raconte l’histoire du naufrage dans on ouvrage « Les épaves de la Côte Vermeille » : « Le 16 décembre 1917, le Bazan, chargé d’une cargaison de vin et d’alcool à Oran, entame son voyage pour Sète. Deux jours plus tard, une violente tempête d’Est se lève. L’équipage n’a rien vu venir. Comme souvent en Méditerrannée, le gros temps est arrivé soudainement, sans signe avant-coureur. L’équipage espagnol affale aussitôt les voiles, et le navire affronte la tempête tant bien que mal.
Chacun doit secrètement espérer que la petite chaudière du Bazan tiendra le coup, et donnera assez de puissance pour lutter contre la force des vagues. La chaudière résistera, et c’est d’une autre partie du bateau que viendra la catastrophe: le lendemain, vers six heures du soir, la mèche de gouvernail se brise, trop sollicitée dans cette mer démontée.
Désemparé, le vapeur se met en travers de la lame, et commence à embarquer des paquets de mer. A bord, c’est la panique. Tout le monde se mobilise pour pomper l’eau qui se déverse dans les cales dont les panneaux ont depuis longtemps renoncé à fermer quoi que ce soit.
La bataille semble perdue d’avance. Pour ne rien arranger, le vent fraîchit pendant la nuit, et l’espoir de sauver le vapeur s’amenuise grandement. Pourtant, vers dix heures le lendemain matin, 21 décembre 1917, un des hommes d’équipage aperçoit la fumée d’un navire. C’est l’aviso Algol, qui vient de quitter l’escorte de la Ville-de-Madrid (la guerre sous-marine au commerce est alors à son apogée, et les navires marchands sont fréquemment escortés par des bateaux militaires) à la limite des eaux territoriales espagnoles. Le Capitaine du Bazan demande aussitôt par signaux assistance, et explique que des avaries de gouvernail l’obligent à abandonner le Bazan. Mais l’état de la mer rend impossible toute mise à l’eau des embarcations de l’Algol.
Et ce n’est qu’à midi, avec l’énergie du désespoir, que les Espagnols parviennent enfin à mettre à l’eau le grand canot de la dunette arrière. L’aviso manœuvre pour prendre le canot sous le vent et récupère les 19 hommes d’équipage. Si tout danger est écarté pour l’équipage, pour le bateau en revanche, la messe semble dite. L’eau est encore montée, la tempête bat son plein, et le port le plus proche, celui de Port-Vendres, est encore à 25 milles au sud-ouest.
Toute tentative de remorquage est vouée à l’échec. Pour les deux capitaines, il ne fait aucun doute que le navire ne va pas tarder à sombrer. Contre toute attente, le Bazan déjouera ce pronostic en finissant fièrement, 36 heures plus tard, son voyage sur les rochers du Cap Béar. A quelques centaines de mètres près, il rentrait dans le port de Port-Vendres ! »
Le navire s’est fracassé sur tribord sur une grosse roche au pied cap, par 42° 30’ 974 de latitude Nord et 03° 08’ 440 de longitude Est. Les vestiges jonchent le fond, de la surface contre le rocher jusqu’à une quinzaine de mètres de profondeur.
Une partie très dégradée de l’épave se trouve d’un côté de la barre rocheuse tandis que les plus gros morceaux sont de l’autre.
De nombreuses pièces métalliques apparaissent ça et là, enfoncées dans le sable ou coincées entre les rochers. Le vilebrequin, bien visible sur le fond a donné à l’épave son surnom « d’épave de l’arbre à cames ». On retrouve aussi des restes de membrures sur le fond en contrebas.
La chaudière se dresse entre les décombres, vers 15 mètres de profondeur. Elle est encore en très bon état, posée entre les rochers. Certains suggèrent qu’elle a roulé à cet emplacement au gré des tempêtes, ce qui peut être une hypothèse logique, au vu du démembrement de l’épave.
On ne découvre donc pas une épave dans son entier comme on peut l’imaginer d’un bateau coulé, mais un champ de fragments qui incitent à la recherche d’indices éparpillés et à demi-cachés.