Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!
Le R.M.S. Ivernia, lancé en 1899, a été construit pour la compagnie anglaise Cunard Steamship par les chantiers Swan & Hunter de Newcastle, en Angleterre. D’une longueur de 177 mètres pour 20 mètres de large et 11,5 mètres de tirant d’eau, il était propulsé par des chaudières à 8 cylindres à quadruple expansion de 1668 cv, sur deux hélices pour une vitesse de 16 nœuds.
L’Ivernia a fait son voyage inaugural de Liverpool à New York, le 14 avril 1900. Deux mois plus tard il a été lancé sur la ligne Liverpool-Boston à laquelle il était destiné, et est resté sur cette route jusqu’en décembre 1911. L’Ivernia a alors été placé sur la ligne Trieste-New York qu’il a assurée jusqu’à la Première Guerre mondiale.
Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale en août 1914, l’Ivernia fut réquisitionné auprès de la compagnie Cunard par le gouvernement britannique pour assurer le transport des troupes anglaises vers les différents fronts.
À l’automne 1916, William Thomas Turner reçut le commandement de l’Ivernia. Ce capitaine s’était déjà rendu célèbre pour avoir été le capitaine de RMS Lusitania au moment de son naufrage, le 7 mai 1915 au large de l’Irlande, torpillé par le sous-marin allemand U20, catastrophe qui fit 1200 morts, ce qui contribua grandement à faire basculer l’opinion publique américaine en faveur de la guerre.
Le 1er janvier 1917, l’Ivernia transportait quelque 2400 soldats britanniques des Argyle & Sutherland Highlanders, des Royal Scots Fusiliers, de la Rifle Brigade et de Yeomanry, allant de Marseille à Alexandrie, quand à 10h12 le paquebot fut torpillé par le sous-marin allemand UB-47 à quelques milles au sud-est du Cap Matapan en Grèce, dans le détroit de Kythira. Le navire a sombré rapidement, emportant avec lui 36 membres d’équipage et 84 soldats. Le capitaine Turner, qui avait été critiqué pour ne pas être resté sur le Lusitania lors de son naufrage (même s’il avait cru qu’il était la dernière personne à bord), ne répéta pas son erreur une seconde fois et resta sur le pont jusqu’à ce que tout les survivants soit partis à bord des canots de sauvetage et des radeaux. le navire s’est ensuite dérobé sous ses pieds et a coulé, laissant le capitaine surnager jusqu’à être récupéré par une chaloupe.
Le bateau d’escorte HMS Rifleman s’approcha et secourut un certain nombre de survivants et des chalutiers armés récupérèrent à leur tour les naufragés et prirent en remorque les canots de sauvetage pour les amener vers la terre ferme à Suda Bay en Crète.
Le sous-marin responsable du naufrage était l’UB-47, qui était l’un des bâtiments envoyés d’Allemagne en Méditerranée en pièces détachées qui avaient été assemblées à Pola en Croatie, évitant ainsi d’avoir à contourner la France et passer par le piège du détroit de Gibraltar. Il était commandé par le lieutenant-colonel Steinbauer qui avait torpillé le cuirassé français Gaulois, quelques jours auparavant.
Une fois de plus, le capitaine Turner a survécu à son second naufrage (et torpillage), mais peu de temps après, la direction de la compagnie Cunard a décidé que désormais, le capitaine Turner serait désormais capitaine… dans un bureau ! Le capitaine Turner, qui accusait déjà la soixantaine, finit ainsi ses jours de façon moins mouvementée à Crosby près de Liverpool, après avoir été innocenté de toutes les accusations d’avoir pu porter une part de responsabilité dans les naufrages de ses navires.
S’il fallut attendre 1993 pour aller explorer le Lusitania (Dr Ballard), l’Ivernia quand à lui, n’a toujours pas été exploré. Il faut dire qu’il se trouve aux coordonnées 35° 42’ 001 N de latitude et 23° 19’ 007 E de longitude, à une profondeur entre 120 et 150 mètres, inaccessible aux plongeurs ordinaires mais qui pourrait bien faire l’objet d’une expédition Tek comme le fut le paquebot Britannic, coulé lui aussi en Grèce en 1916, qui a déjà été exploré plusieurs fois ces dernières années…