Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!
Le paquebot Evangeline a été lancé le 14 juillet 1912 par les chantiers London & Glasgow Engineering & Iron Shipbuilding Co de Govan, en Ecosse pour le compte de la Canada, Atlantic and Plant Steamship Company, armateur canadien pour qui il allait assurer la ligne Boston-Halifax-Charlottetown. D’une jauge de 4360 tonnes, pouvant transporter 500 passagers, il mesurait 107 mètres de long sur 14 mètres de large et 9 mètres de tirant d’eau. Ses deux machines à vapeur de 3 cylindres à triple expansion de 6000 cv le propulsaient par ses deux hélices à une vitesse de 16 nœuds.
Au terme d’un voyage inaugural de douze jours, dans une mer très forte avec des vents à la limite de l’ouragan et des températures hivernales, le paquebot a rejoint Halifax, son port d’attache, faisant preuve d’une excellente tenue à la mer.
Le service sur sa ligne s’est arrêté au bout d’un an et le navire a été transféré aux Bermudes. Puis il fut vendu en 1914 à la compagnie Elwell & Co., de Cleveland aux USA, puis en 1917 à l’Oriental Navigation Co., de New York, avant d’être cédé en 1918 au gouvernement français et reconverti en transport de fret, toujours sous le même nom. L’Evangeline, chargé de cordages en acier et de tuyaux, arriva finalement à Bordeaux, au terme d’une traversée de vingt jours et passa sous pavillon français.
Le 19 novembre 1918, lors d’un passage dans les îles ioniennes, l’officier de quart, commit une erreur d’appréciation sur le relèvement. Pensant doubler le cap Bianco, au sud de Corfou, le navire passait en réalité au sud de l’île voisine de Paxos. La sanction fut rapide, il heurta soudainement le banc de la Madonna. La machine fut immédiatement arrêtée, l’eau envahissant les cales avant, les chaufferies, les machines puis, bientôt, les cales arrières. Deux bateaux de la Marine Nationale furent envoyés au secours du géant. Durant un mois, les scphandriers travaillèrent à la réparation de la coque et à l’obturation des voies d’eau. L’Evangeline fut ensuite tractée jusqu’à Corfou pour y recevoir les réparations nécessaires à sa machinerie. Des réparations complémentaires furent apportées quand elle put rentrer à Toulon, en juillet 1920. En octobre 1920, nouvelle réparation au port de Cherbourg, cette fois-ci sur la chaudière droite, suivie de la chaudière gauche à Brest.
En janvier 1921, l’Evangeline reprenait enfin la mer sur une ligne entre la France, l’Angleterre et les Pays Bas, puis avec l’Afrique.
Le 14 janvier 1921, venant de Cherbourg, chargé de 2500 tonnes de plaques d’acier, l’Evangeline arrivait sous Groix, en face de Lorient en Bretagne. Vers neuf heures, le capitaine Salaün embarquait un pilote. Dans la passe, le navire connut une panne de barre au moment le plus crucual où il avait besoin de toutes ses ressources pour entrer correctement dans la baie lorientaise par l’étroit chenal. Brusquement emporté par le courant, il talonnait sur la roche du Pot, devant le citadelle de Port Louis. La coque se déchira rapidement sur les rochers, entrainant une importante voie d’eau. Les 38 hommes d’équipage se massèrent dans les canots et évacuère le navire juste avant qu’il se casse en deux et coule dans la passe de Port-Louis, à environ 20 mètres des alignements d’entrée sous la citadelle de Port Louis, les mâts tournés vers Kernevel.
Créant une obstruction pour la navigation, la partie avant de l’épave a été retirée quelque temps plus tard. Des appels d’offres furent lancés pour le relevage de l’épave entière, sans succès. Après avoir enlevé juste ce qui gênait la navigation dans la passe, les scaphandriers de la Marine Nationale stoppèrent les travaux suite à la mort de l’un d’eux en plongée, son tuyau d’arrivée d’air sectionné par les tôles tranchantes, suivie d’un accident sur une barge qui coûta la vie à plusieurs ouvriers. Il restait au font à peu près les deux tiers de l’épave et de sa cargaison, qui furent pétardés pour éviter toute gêne à la navigation, laissant au fond de la baie des restes de l’ancien paquebot en piteux état.
Aujourd’hui, les restes de l’Evangeline reposent toujours au pied de la citadelle de Port Louis, à une vingtaine de mètres de profondeur, aux coordonnées suivantes : latitude 47° 42’ 702 N et longitude 03° 21’ 990 W. Retrouvez l’intégralité de l’histoire de l’Evangeline dans l’excellent ouvrage de Jean-Louis Maurette et Christophe Moriceau : Naufrages en pays de Lorient. https://www.scyllias.fr