Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!
Construit aux chantiers Bremer Vulkan, à Vegesack en Allemagne, l’U-263 était un sous-marin du type VII-C, de 67 mètres de long et 6 mètres de large pour 4,74 mètres de tirant d’eau. Avec deux moteurs diesel de 3200 cv pour ses déplacements en surface et deux moteurs électriques de 750 cv pour la plongée, il était armé de 14 torpilles de 53,3 cm, un canon de pont de 88 mm (qui fut enlevé par la suite), deux canons de 20 mm anti-aériens dans la « baignoire ».
Il entrait en service le 6 mai1942 sous le commandement de l’Oberleutnant zur See Kurt Nölke. Le 27 octobre 1942 il débuta sa première mission en Atlantique Nord et attaqua seul un petit convoi allié au sud de l’Islande, sans succès malgré le tir de cinq torpilles. Peu après il reçut l’ordre de rallier au plus vite l’ouest de Gibraltar afin de contrer les convois de l’opération Torch, l’invasion alliée de l’Afrique du Nord. Après quelques jours il est parvenu à torpiller le cargo norvégien Prins Harald et le vapeur britannique Grangepark au sein d’un convoi mais, repéré par les destroyers d’escorte, il subit cinq heures de grenadage intensif. Lourdement endommagé il est parvenu néanmoins à en réchapper et a fait route vers les côtes basques, se faufilant entre les destroyers, essuyant le tir d’un sous-marin allié et plusieurs attaques aériennes au cours desquelles une bombe vint s’encastrer dans le pont sans exploser. Bien qu’affecté à la 1ère U-Flottille de Brest, il rejoint d’abord Bayonne puis La Rochelle où il a été mis sur cale durant treize mois afin de procéder aux réparations et convertir le bateau en U-Flak, version anti-aérienne du type VII.
Finalement reconverti en type VII classique, le U 263 reprit la mer le 19 janvier 1944 pour des essais de plongée profonde. Le lendemain, 20 janvier 1944, victime d’une grave avarie, ne pouvant plus se maintenir en immersion, il fit surface et demanda une escorte mais le message radio s’interrompit avant même qu’il n’ait pu préciser sa position. Des recherches aériennes et navales menées durant deux jours ne permettront pas de retrouver la moindre trace du bateau dans lequel reposent désormais 51 hommes.
Dans les années 2000, l’épave du U-Boot fut découverte près de La Rochelle, à la sortie du Pertuis d’Antioche, à 6 milles nautiques dans le sud/sud-ouest du phare de Chandardon, à la position : latitude 46° 06’ 437 N et longitude 01° 35’ 205 W. Des filets sont accrochés à son kiosque, le périscope est encore bien visible. L’avant, qui vraisemblablement a touché une mine, est coupé du reste de l’épave. Le sous-marin repose, incliné sur bâbord, par 25 mètres de fond. On rapprocha logiquement cette découverte de la disparition de l’U-263 et tout naturellement, on l’identifia comme étant « officiellement » l’U-263.
Il fallut attendre quelques années de plus, quand les plongeurs du groupe « l’Expédition Scyllias », historiens maritimes et chasseurs d’épaves, fassent une découverte sur cette épave qui remette en question son identification. A cette époque, les chercheurs de l’Expédition Scyllias étaient sur la piste d’un autre U-Boot, l’U-667, coulé lui aussi dans la même zone. Certains renseignements donnaient plutôt l’épave comme étant plutôt ce dernier, et non pas l’U-263. L’élément-clé était la présence, ou non, du fameux « schnorchel », cette prise d’air qui alimentait le sous-marin lorsqu’il se trouvait en immersion juste sous la surface, pour ne pas être repéré. Ce schnorchel équipait l’U-667, mais l’U-263, d’une série différente, en était dépourvu. Le but était donc de retrouver cet élément pour pouvoir identifier définitivement l’épave.
Voici un extrait du rapport du groupe de recherches : « À la forme du kiosque, nous remarquons immédiatement qu’il s’agit d’un sous-marin allemand du type VII, gîtant d’un angle d’environ 45° sur bâbord et très ensablé, aux deux tiers. Notre regard est attiré par le magnifique périscope de veille, dans un état de conservation remarquable, qui pointe vers la surface, les rayons du soleil se reflétant sur son tube en inox poli. Pendant que Jacques et Christophe observent le Turmluk, le panneau d’accès au kiosque, je rejoins Pierric qui se dirige vers l’arrière afin d’effectuer une visite méthodique de l’épave et essayer de la découvrir dans son ensemble. Au milieu de tuyaux divers et les vestiges du pont, j’aperçois le panneau d’évacuation, très légèrement ouvert, et des bouteilles d’air comprimé. […] L’épave disparaît progressivement dans le sable et le kiosque reste sans conteste la partie la plus intéressante car au bas se trouvent peut-être des indices attestant de la présence d’un Schnorchel. Hélas ! Il manque une importante section à l’endroit même où devait se trouver la base du Schnorchel, à supposer que cet U-Boot ait bien été doté de ce dispositif… Émergeant d’un tas de filets, un curieux tube en inox pourrait bien avoir supporté, dans sa jeunesse, le Funkpeilrahmen, l’antenne gonio à la silhouette circulaire caractéristique. »
À la suite de ces plongées, il apparaissait que de nouvelles investigations, plus approfondies, étaient nécessaires pour lever le voile qui entourait les vestiges du loup gris de La Rochelle. Heureusement, l’identification de l’U Boot allait bénéficier d’un petit coup de pouce du destin en la personne de deux Autrichiens, Christian Hirsch et Heimo Stadlbauer, qui souhaitaient mener une action mémorielle sur l’épave. Après avoir effectué les mêmes recherches, ils en étaient arrivés à la conclusion qu’il ne pouvait s’agir que de l’U 667. Profitant de l’aide de Marc et Luc Braeuer, fondateurs des musées du Grand Blockhaus de Batz-sur-Mer et du Bunker de La Rochelle, les plongeurs et leurs amis autrichiens organisaient une nouvelle exploration en 2014.
Malgré des conditions difficiles, l’équipe parvenait à plonger dans des conditions épiques et ramener quelques photos dignes d’intérêt. De retour à Vienne, Christian Hirsch envoyait les photos qu’il avait prises à un spécialiste de renom, le docteur Axel Niestlé, qui allait rapidement identifier parmi un emmêlement inextricable de pièces métalliques diverses, des éléments appartenant au Schnorchel et notamment le mécanisme d’érection du dispositif. Celui-ci est bien partie intégrante de la toute première version installée sur les U-Boote et l’U 667 étant l’un des premiers sous-marins, dans les bases françaises, à avoir été doté de ce tube révolutionnaire, le cliché ne laisse aucun doute quant à l’identité de l’épave: il s’agit bien de l’U 667 !
Quant à l’U-263, son épave reste encore à découvrir, non loin de là, dans la même zone s’étendant à l’entrée du Pertuis d’Antioche, entre l’île d’Oléron et l’île de Ré…
Expédition Scyllias : www.scyllias.fr