Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!
Le Vidar était un cargo en acier construit en 1896 par les chantiers britanniques Craggs, Roberts & Sons Ltd. de Middlesbrough, pour une société de transport maritime norvégienne dirigée par Wiel & Amundsen, à Fredrikshald. Il s’agissait d’un beau navire long de 78 mètres, large de 11 mètres pour un tirant d’eau de 5,5 mètres. D’une jauge brute de 1543 tonneaux, il est équipé d’une machine à vapeur à triple expansion fabriquée également à Middlesbrough, qui développe 176 cv et permet au Vidar d’atteindre la vitesse de 10 nœuds.
Durant plusieurs années, le vapeur navigua sur toutes destinations sans faillir, donnant entière satisfaction à ses armateurs, si ce n’est quelques petits ennuis inévitables dans les mers fortes qu’il lui arrivait d’affronter, comme une cargaison de sucre inondée par un paquet de mer en janvier 1898, ou encore un échouage près de New York en mars 1900. Au cours de cet incident l’équipage norvégien, sous les ordres du capitaine Sorensen, refusa d’évacuer le bateau pour le sécuriser en attendant l’arrivée d’un remorqueur suffisamment puissant pour le tirer de ce mauvais pas. Il fallut en fait trois remorqueurs pour libérer le colosse échoué, qui put rejoindre le port de Norfolk pour y être réparé.
En septembre 1903, l’équipage du Vidar fut amené à porter secours à quelques survivants du naufrage du pétrolier britannique Mexicano, disparu au cours d’une tempête. Accrochés à quelques débris flottant dans une zone de quelques milles nautiques. Ce sont six naufragés qui furent déposés par le Vidar à New York, le reste de l’équipage du Mexicano ayant disparu avec leur bateau. Les survivants purent raconter que la Mexicano avait été pris dans un ouragan et l’océan déchaîné avait fini par broyer le pétrolier comme un vulgaire fétu de paille. Le Vidar allait encore s’illustrer en octobre 1911, en portant assistance au pétrolier anglais Edward Dawson qui s’était retourné pendant une tempête. L’équipage du Vidar put recueillir deux survivants.
A terre par contre, les marins du Vidar étaient un peu moins héroïques, abusant de la bouteille de vin local et provoquant quelques bagarres, comme ce dimanche de juin 1915 alors que le cargo faisait escale à Nantes, où quelques marins finirent au poste de gendarmerie après avoir provoqué une bagarre générale sur le quai, non sans avoir au passage, rossé quelques gendarmes venus les interpeller…
En janvier 1917, la Première Guerre mondiale faisait rage, le Vidar quitta Cardiff, en Irlande, pour transporter vers Nantes une cargaison de charbon. Le capitaine Sorensen n’était pas très rassuré de naviguer en solitaire alors que rodaient des sous-marins allemands, tout particulièrement sur les côtes bretonnes. Ce ne fut pourtant pas un U-Boot qui eut raison de son bateau, mais tout simplement une épave dérivante que le cargo heurta de plein fouet, provoquant une importante voie d’eau.
C’était le 25 janvier 1917, le Vidar se trouvait alors devant les côtes du Morbihan, entre les îles de Glénan et l’île de Groix, en face de Lorient. Le Vidar finit par sombrer après une longue agonie qui laissa le temps à l’équipage de mettre les canots de sauvetage à la mer et d’évacuer le navire en perdition. Le Vidar disparut enfin avec sa cargaison, sans faire de victime. Par la suite, la presse locale émit l’hypothèse de l’attaque d’U-Boot de la flotte du Kaiser qui sévissait dans les parages, mais aucune preuve ne vint confirmer cette possibilité.
Aujourd’hui, l’épave du Vidar repose toujours par 40 mètres de fond aux coordonnés : latitude 47° 44’ 367 N et longitude 03° 45’ 482 W. Après avoir été en partie ferraillée par une entreprise de scaphandriers après la guerre, l’épave du vieux vapeur est encore visitée par les plongeurs locaux, dans une eau souvent chargée, sur un fond de sable. Toute la partie arrière du cargo est en très bon état, l’énorme hélice à quatre pales est encore en place, ainsi que la chaudière ou les restes de la cargaison de charbon. L’épave est habitée par une faune très riche : congres et homards sont au rendez-vous. Avec un bon phare, on peut chercher dans les enchevêtrements de métal, des vestiges comme cette bouteille de bière qui prouve que les marins norvégiens ne partaient jamais sans provisions…
Retrouvez l’intégralité de l’histoire du Vidar sur le livre : Naufrages en pays de Lorient (nouvelle édition), de Jean-Louis Maurette et Christophe Moriceau, édité par les Editions Scyllias. Lien : www.scyllias.fr