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Le Disperser est né sous le nom de HMS Bonetta, en 1871 dans les chantiers Rennie de Greenwich en Grande Bretagne. Il a été employé, comme canonnière pour la Royal Navy pendant 38 ans, avant d’être cédé en 1909 à la North Eastern Salvage Shipbreaking Co, de West Hartlepool dans le Sunderland, où il attaqua, sous le nom de Disperser, une nouvelle carrière comme bateau de sauvetage et de renflouage, jusqu’en 1934. Long de 26 mètres, large de 8 mètres pour un tirant d’eau de 2,7 mètres, il était équipé d’une machine à vapeur Compound de 100 cv et deux hélices qui lui donnaient laborieusement une vitesse de 8,5 nœuds.
Le Disperser se trouvait à Whitby en février 1934 lorsque ses propriétaires, la North Eastern Salvage Company, reçut un ordre de mission pour lui à Margate. La Disperser était un bateau à vapeur équipé d’hélices jumelées, mais il souffrait d’une faible puissance de son moteur à vapeur et il était dangereux pour lui de faire une telle traversée sans assistance à cette période de l’année. En conséquence ses propriétaires ont contracté le remorqueur Trover pour le remorquer à Ramsgate.
Le Disperser est parti de Whitby à 8h le mercredi 7 février et les deux navires ont entamé la traversée pour Ramsgate par un temps raisonnable. Ils ont progressé jusqu’à 8 milles au-delà de Flamborough Head dans la baie de Bridlington lorsque l’équipage du Disperser a constaté une fuite d’eau. Le capitaine W.Doran du Disperser a décidé de retourner au port de Bridlington d’où le contact a été établi avec les propriétaires. Vraisemblablement, la fuite a été considérée comme peu importante et devait permettre au bateau de retourner à Hartlepool pour les réparations.
Le voyage de retour a commencé à 17 heures et au moment où Scarborough a été atteint, le vent a commencé à fraîchir de l’ouest en gonflant la mer. L’équipage du Disperser manœuvrait les pompes à main tout le temps pour empêcher l’eau d’envahir les cales. À minuit, les navires étaient au large de Whitby, le vent continuait d’augmenter et la mer était devenue énorme. Le Trover avait toutes les peines du monde à avancer et n’était pas en bonne posture pour remorquer efficacement le Disperser. L’aussière de remorquage avait une longueur de 130 mètres, mais la visibilité était si mauvaise que les feux de côté du Disperser ne pouvaient être aperçus qu’occasionnellement par le Trover. À bord du Disperser, la situation devenait de plus en plus sérieuse, car le bateau embarquait de plus en plus d’eau.
Le jeudi 8 février 1934 à 3h30, un peu au sud de la bouée Redcar, le Disperser a donné des signaux lumineux : «En détresse, demande de l’aide immédiate». L’équipage avait lutté avec les pompes à main pendant 14 ou 15 heures et il était maintenant évident qu’il allait couler. Le Capitaine Albert Thompson, du Trover, a fait lâcher l’aussière de remorquage et a entrepris la tâche risquée de se mettre à couple du Disperser dans des conditions extrêmement difficiles, prenant de gros risques à la fois pour les navires et les équipages. A 4h30, le Trover a réussi à se mettre en position et deux membres de l’équipage du Disperser ont sauté à bord. Plusieurs autres tentatives ont été faites et à 5h30 cinq autres marins avaient réussi à sauter, laissant un dernier homme à bord, le cuistot qui était boiteux et ne pouvait pas sauter.
Les signaux de détresse avaient été aperçus par la garde côtière de Staithes et le canot de sauvetage à moteur Runswick “The Always Ready” (le Toujours Prêt) a été lancé à 4h30 du matin. Une heure plus tard, il arrivait sur la scène du naufrage. Le pilote du canot, Robert Patton a réussi à amener le canot de sauvetage à couple du Disperser, puis attrapa l’homme qui était tétanisé et l’entraîna dans la mer en même temps qu’une grosse vague venait balayer le pont. Les deux hommes tombèrent dans une situation extrêmement périlleuse, entre le navire en perdition et le canot de sauvetage, qui se cognaient violemment à chaque vague. L’équipage du canot réussit finalement tirer les deux hommes hors de l’eau, mais alors que le matelot était indemne, Robert Patton avait été sérieusement blessé, pris en sandwich entre le canot et le Disperser.
On retourna à Runswick à toute vitesse et Patton a été transporté à l’hôpital de Whitby avec plusieurs côtes cassées, un bassin fracturé, des vertèbres fracturées et d’autres blessures internes. Ses blessures devaient être fatales et il mourut à l’hôpital de Whitby neuf jours plus tard.
Pour sa bravoure exceptionnelle, Robert Patton a reçu à titre posthume la médaille d’or des actes de courages. Plus de quatre mille personnes assistèrent à ses funérailles. Le nom du bateau de sauvetage de Runswick a ensuite été changé pour “Robert Patton – The Always Ready”.
La première plongée sur le Disperser a été effectuée le 17 août 1996. L’épave est debout à 57 mètres de profondeur, aux coordonnées suivantes : latitude 54° 33’ 726 N, longitude 0° 29’ 591 W. La proue est intacte mais l’arrière de l’épave est très endommagé. La disposition du pont et les superstructures correspondent aux photographies du navire.
La cloche du navire était posée sur le fond, juste en avant de la chaudière, sur tribord. Un casque de scaphandrier a été trouvé le 27 août 2001, il était encore rangé avec son tuyau d’alimentation et ses accessoires, dans le compartiment à l’avant de la salle des machines. Ce compartiment était rempli de sédiments et c’est alors que les parois se désintégraient progressivement par la corrosion que le casque apparut. Un chalut était accroché tout autour de cette partie de l’épave et il est très heureux que cet équipement de scaphandrier n’ait pas été perdu.
Peu de temps après, on trouva une paire de bottes en plomb et en laiton et, en août 2002, l’un des poids de poitrine et une autre botte furent récupérés. Des recherches ont été menées pendant plusieurs années par Andrew Jackson & Carl Racey du Scarborough Sub-Aqua Club, pour découvrir d’autres casques car un bateau comme le Disperser était susceptible de transporter, pour les besoins de ses activités de sauvetage, plusieurs équipements de scaphandriers…
De cette aventure a été tiré un film passionnant (hélas en langue anglaise, mais des images extraordinaires) : The Disperser story.