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On trouve très peu de renseignements sur les origines du brick Alexandre, naufragé ce 20 février 1860 près des côtes de l’île d’Yeu. Dans quelques récits glanés dans les différentes archives, on peut savoir qu’il s’agissait d’un brick français de 263 tonnes, vraisemblablement à trois mâts (alors qu’en général, un brick ne possédait que deux mâts à gréement de goélette, le brick dit “de première classe” pouvait en posséder trois), qui servait au transport de marchandises et de passagers sur le littoral Atlantique, entre l’Espagne et l’Angleterre. Pas d’indication sur le chantier où il est né, ni même sur son propriétaire, si ce n’est qu’il avait son port d’attache à Bordeaux. Pour manœuvrer son gréement de goélette, dix hommes d’équipage étaient embarqués à bord. On trouve sa trace le 3 juillet 1806 dans un rapport de course de corsaires français de Bretagne, comme c’était l’usage sous le Premier Empire, relatant la reprise de l’Alexandre, brick français chargé de sel et d’ardoises, capturé par les Anglais et égaré dans le sud de Béniguet dans le Finistère, avant d’être repris par le canot corsaire la Clémence, monté par le Bienaimé Labbé, Noël Mazé-Launay inspecteur des signaux et quatre employés des douanes. Le navire fut ramené au Conquet pour être restitué à son armateur. Par la suite, l’Alexandre reprit sa navigation comme caboteur avec moins de risque, avec la fin de l’Empire.
C’est en 1860 que l’on retrouve la trace de l’Alexandre, dans des circonstances plus dramatiques et à l’issue funeste. L’Alexandre, ayant toujours son port d´attache à Bordeaux, venait de Santander à destination de l´Angleterre, avec ses dix hommes d´équipage y compris le capitaine, transportant des marchandises diverses. Alors qu’il contournait l’île d’Yeu pour se mettre à l’abri, venant d’essuyer une tempête qui l’avait laissé en bien piètre état, il s´échoua sur les rochers de la côte nord de l´île “en face et à environ 700 mètres de l´anse de la Borgère“, selon le rapport du naufrage. Depuis quatre jours le navire, malmené par le gros temps, avait accumulé les avaries. Il était privé de son grand mât et son mât d´artimon qui avaient été tous deux brisés au ras du pont, de la vergue du petit hunier rompue en deux, et de son gouvernail qui a été brisé en talonnant sur les fonds peu de temps avant l´échouement. Echoué sur les rochers, le bordé défoncé, il n’y avait plus d’espoir de récupérer le brick.
L´équipage a été sauvé par les habitants de l’île, accourus sur la côte à la vue du navire en perdition. Les bagages et les papiers du bord furent eux aussi récupérés, tant que l’Alexandre restait maintenu en surface par les récifs où il était planté. On a pu ainsi sauver tout ce qui était dans les parties du bateau non inondées, comme le pont ou les cabines donnant sur le pont. Par contre, tout ce qui était dans les cales était désormais inaccessible. On récupéra aussi ce qu’il restait du gréement et une partie des voiles qui étaient stockées et n’avaient pas été détériorées.
Le reste de la cargaison sombra avec l’épave disloquée, au pied des rochers et y dort encore, sous quelques mètres d’eau au nord de l’île, non loin de Port-Joinville, par 46° 43’ 973 N de latitude et 02° 21’ 732 W de longitude.