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Le Chaouen est l’une des épaves les plus connues de Marseille, un cargo échoué en 1970 près de l’île du Planier. Deux particularités à ce naufrage : la première est que l’on n’a jamais su comment ce naufrage avait pu se produire, par un temps très clair et une mer très belle ; la seconde particularté est que ce naufrage a provoqué une marée… orange ! La cargaison d’agrume s’est échappée des cales pour envahir tout le littoral marseillais.
Le Chaouen a été construit en 1961 à Travemünde en Allemagne par les chantiers Schlichting Werft, pour la Compagnie Marocaine de Navigation, basée à Casablanca. C’était un cargo en acier de 1550 tonnes, de 85,5 mètres de long sur 13,6 mètres de large pour un tirant d’eau de 5,5 mètres. Ses deux moteurs diesel de 1370 cv chacun, le propulsaient à une vitesse de 15 nœuds. Sous les ordres du capitaine Freton et 30 marins à la manœuvre, il assurait la ligne Marseille – Casablanca et était affecté au transport d’agrumes. La Compagnie Marocaine de navigation (Comanav) est née en 1959, prenant la succession de la Compagnie Franco-Chérifienne de Navigation, après le retrait partiel des actionnaires français au profit du gouvernement marocain. Disposant au départ de trois navires auxquels vinrent s’ajouter trois autres en 1960, la Comanav décida en 1961 de faire construire deux nouveaux bâtiments par le chantier allemand de Travemünde : le Chaouen et son sister-ship, le Ketama. Destinés au transport d’agrumes, ces navires étaient dotés des derniers perfectionnements techniques sur le plan de la climatisation et étaient équipés, comme les navires fruitiers les plus modernes, d’un système de réfrigération et de déshumidification de l’air.
La carrière du Chaouen était donc toute tracée. Elle se déroula sans accroc notable, mais on peut raisonnablement penser qu’il a dû subir quelques aléas au cours de ses traversées, si l’on en croit une photo non datée sur laquelle on le voit en fâcheuse posture dans un port, soutenu par les grues portuaires alors qu’il présente une gite importante. Nous n’en savons pas plus sur cet incident, qui n’a pas été répertorié dans les archives de la compagnie.
Le 21 février 1970, le Chaouen transportait 640 tonnes d’oranges de Casablanca vers Marseille. A l’issue d’une traversée sans problème par mer belle, mistral modéré, le capitaine avait déjà prévenu le port de l’arrivée de son navire et la prise de pilote ne devait pas tarder. Vers 22 h 30 il semblerait que, faisant route à bonne allure, il ait heurté un haut fond, le sec dit de La Pierre à la Bague, avant d’aller s’encastrer à une vitesse de 12 nœuds sur le flanc de l’île du Planier, au beau milieu de la baie de Marseille.
Selon l’hypothèse retenue pour expliquer le naufrage, le navire, navigant aux instruments, avait pris son cap en prenant le phare du Planier comme point de calcul. Le bâtiment n’était pas surveillé et visiblement, le système de navigation était parfaitement performant puisqu’il arriva, après une course de plusieurs milliers de kilomètres, exactement sur le point qui avait été pris comme cap : le Planier.
Seul problème, s’il avait bien suivi le cap prévu, il n’était pas prévu qu’il monte SUR le Planier… Ce qui prouve que, malgré les équipements les plus perfectionnés, la veille humaine reste le meilleur outil de navigation… L’avant carrément monté sur la roche, I’arrière encore à flot, la cale noyée, le Chaouen ne semblait pas encore en perdition. Dans un premier message, le capitaine du navire demanda l’aide d’un remorqueur. Le Provençal XV de la Nouvelle Société Provençale de Remorquage fut envoyé sur les lieux.
Arrivé à 22 h 30, le remorqueur put, à minuit, passer une remorque au cargo marocain mais la mer devenant de plus en plus agitée avec un fort vent d’ouest qui s’était levé, provoqua la rupture de cette amarre à 2 h20 du matin. Une voie d’eau s’était, dans l’intervalle, déclarée dans la cale avant. Poussé par les vagues, le navire frappait durement contre les rochers et la situation devint vite désespérée. A 6h, dimanche 22 février 1970, la cale et la salle des machines étaient envahies par l’eau. Le commandant décida de faire évacuer les deux-tiers de l’équipage sur l’îlot de Planier, rejoint à pied sec depuis l’avant toujours planté sur les rochers. L’abandon du navire fut décidé dimanche à 11 h 30. Le Chaouen a fini par chavirer et couler à 14h11. Les tonnes d’oranges contenues dans ses cales se déversèrent alors dans la mer pour finir sur les plages du sud de Marseille. Aller heurter par temps clair, une île isolée au milieu d’une grande baie, surmontée d’un des phares les plus puissants de France, n’est déjà pas très glorieux pour le capitaine et polluer la rade avec des oranges n’arrangea pas les affaires de l’équipage qui s’en est sorti sain et sauf.
La proue restera émergée durant environ 15 ans mais les tempêtes successives ont fait sombrer petit à petit le Chaouen vers le fond. Son point le plus haut est encore situé vers 6 mètres de profondeur, en-dessous des deux ancres du Cargo qui reposent au milieu d’une grande quantité de chaîne, vers 5 mètres. L’épave est couchée sur son flanc gauche, orientée vers l’île. A 36m, on trouve l’hélice et le gouvernail. Le Chaouen est une épave sur laquelle il faut plonger par beau temps et mer calme. L’île du Planier ne protège ni du Mistral, ni du vent d’Est. Il y a peu de courant sur le site lui-même. Le mouillage est possible dans la petite crique.
Cet abordage du phare de Planier n’est pas un fait unique, les épaves qui se sont fait piéger par le récif de la pierre à la bague sont nombreuses. Autour de lui, et vers La-Pierre-à-la-Bague, on trouve de nombreuses autres épaves, plus ou moins identifiées.
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