Depuis quelques jours réapparaît sur les réseaux sociaux un communiqué de DAN Europe concernant la défaillance des flexibles contenant une tresse en nylon. C’est en 2017 que le premier article a été publié, mais il n’a pas connu la même diffusion qu’aujourd’hui sur les réseaux sociaux… Beaucoup de choses ont été dites dans les commentaires, chacun y allant des ses connaissances à juste titre, mais qu’en est-il dans la réalité ? Plongée Infos a mené son enquête et vous en dévoile le résultat.
Les flexibles contenant une tresse en nylon sont apparus alors qu’il y avait une demande assez forte de la part des plongeurs tek. Ces derniers utilisent des flexibles de grande longueur, ils ont besoin qu’ils soient le plus souples possible tout en gardant une solidité maximale afin de pouvoir les manipuler et placer les seconds étages avec aisance. Or avec des flexibles en caoutchouc, la rigidité et le rayon de courbure sont assez limités en comparaison des flexibles tressés en nylon de type Miflex.
Jusqu’en 2015, date de la première remontée officielle des problèmes, les flexibles étaient fabriqués avec un intérieur en polyuréthane à base de polyester. Cela permettait de répondre à la norme NF EN 250 de l’époque. Mais comme l’explique très bien Dan Europe dans son communiqué, l’intérieur de ces flexibles se dégrade rapidement en petits copeaux à cause de l’hydrolyse (contact avec l’eau), des réchauffements et refroidissements à répétition et c’est sans compter avec la prolifération des bactéries. Ces petits copeaux pouvaient réduire le passage d’air, voire carrément obstruer le conduit
sans oublier les risques de dysfonctionnement du second étage du détendeur.
C’est à partir de ce moment-là qu’Aqua Lung et Beuchat ont demandé à leurs fournisseurs de ne plus utiliser du polyuréthane à base de polyester, mais du polyuréthane à base de polyéther antibactériologique. Mares en a fait autant et bien évidemment les fabricants européens de flexibles également. Subea quant à lui, va développer une série de flexibles tressés très prochainement et Scubapro a fait le choix de ne pas utiliser ce type de flexible et préfère se concentrer sur sa gamme en caoutchouc. Donc si vous achetez un flexible, vérifiez s’il y a un marquage «EN 250» inscrit dessus ainsi que la nature de sa composition, votre revendeur doit être en mesure de vous l’indiquer.
En ce qui concerne l’entretien du flexible, il se fait en même temps que le détendeur au complet, c’est-à-dire du premier étage au second étage, il convient de se référer aux recommandations du fabricant. Tous préconisent en général une inspection par un atelier agréé de l’ensemble tous les ans, et une révision tous les deux ans à minima en fonction de ses conditions d’utilisation. Ils considèrent que la durée de vie d’un flexible serait de 5 ans.
Mais pourquoi l’entretien du flexible doit se faire avec le détendeur au complet me direz-vous ? Le détendeur dans son ensemble est considéré, selon les articles R322-27 à 38 du code du sport, comme un équipement de protection individuel (EPI). Il est classé dans la catégorie III appareils respiratoires, appareils de plongée autonome à air comprimé et à circuit ouvert, il assure une protection contre les risques mortels. Il doit également y avoir inscrit le marquage CE selon la norme NF EN 250 A. Celle-ci est relative à une procédure de contrôle qualité de production, mais n’entre pas dans la composante des matériaux. C’est donc pour l’ensemble du produit que cette norme est attribuée au fabricant. Si à l’avenir vous changez le flexible, le détendeur dans son ensemble peut ne plus répondre plus à la norme si celui-ci n’est pas préconisé par le fabricant, même si le flexible est à la norme.
Alors quelles en sont les conséquences ? Si c’est du matériel que vous louez ou si vous travaillez pour une structure professionnelle, le matériel devra obligatoirement répondre aux conditions de l’EPI et de ce fait être aux normes. Si vous êtes un individuel et que le flexible n’est pas préconisé par le fabricant, sachez que vous pouvez vous voir fermer les portes d’une structure professionnelle ou associative ou tout au moins, ne pas pouvoir utiliser votre détendeur modifié dans ces structures. Elles sont tenues de respecter cette réglementation car vous plongez sous leur responsabilité… Les conséquences seraient très lourdes pour elles comme pour le propriétaire du matériel, en cas d’accident, par exemple. De la même façon qu’un véhicule dont on a modifié les caractéristiques techniques (puissance, roues, etc) peut essuyer un refus des assurances en cas d’accident (les motards connaissent bien le problème…), le problème de conformité peut aussi être recherché lors d’une enquête suite à un accident de plongée. Faudrait-il encore que les structures de plongée soient en capacité de pouvoir faire les contrôles de tout le matériel des clients, c’est ce qui a été relevé par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) lors d’une action menée en 2016.
En conclusion, vous avez très peu de risques d’acheter un détendeur ou un flexible qui ne soit pas fabriqué avec du polyéther et qui ne soit pas aux normes, sauf si vous l’achetez hors de l’union européenne ou non estampillé CE. Pour ce qui est de garder le détendeur au complet dans le respect de la norme, comme disait le célèbre philosophe audiovisuel contemporain Régis Laspalès : c’est vous qui voyez… Les fabricants de détendeurs peuvent offrir différentes longueurs de flexibles, le mieux étant de vous renseigner auprès d’eux ou du revendeur avant de faire toute modification.