Chaque jour, une épave : 16 mars 1978, l’Amoco Cadiz, l’une des pires catastrophes écologiques

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

Le naufrage du pétrolier Amoco Cadiz le 16 mars 1978 devant Portsall, sur les côtes bretonnes, provoqua une marée noire gigantesque qui reste encore aujourd’hui l’une des pires catastrophes écologiques de l’Histoire.

L’Amoco Cadiz à quai. la comparaison avec les immeubles voisins donne une idée de sa taille.

Le super tanker géant Amoco Cadiz a été construit pour transporter du pétrole brut entre le golfe Persique et l’Europe. Long de 334 mètres, large de 51 mètres, avec un tirant d’eau de 20 mètres pour la jauge effarante de 234 000 tonnes, c’était un véritable géant des mers, manœuvré par un équipage de 46 hommes. Son moteur diesel de 30 400 cv le propulsait à 15 nœuds au moyen d’une seule hélice. Construit en 1974 aux chantiers Asterillos en Espagne à Cadix, pour la grande compagnie pétrolière américaine Amoco, il navigait sous le pavillon libérien. Il avait plusieurs sister-ships : l’Amoco Singapore, l’Amoco Europa et l’Amoco Milford Haven, qui aura lui aussi une fin tragique en 1991 au terminal pétrolier de Gènes quand, lors d’une opération de pompage, une explosion embrasa le super tanker qui a brulé pendant trois jours, provoquant une marée noire de 140 000 tonnes de brut sur les côtes italiennes, avant de sombrer et de devenir un site de plongée très apprécié des plongeurs tek.

L’Amoco Cadiz vu de Portsall

Au début de février 1978, l’Amoco Cadiz a chargé 121 157 tonnes de pétrole à Ras Tanara en Arabie saoudite, pour ensuite compléter sa cargaison avec 98 640 tonnes supplémentaires à l’île de Kharg, en Iran. Il a ensuite quitté le golfe Persique le 7 février, à destination de Rotterdam, via Lyme Bay, en Angleterre, un arrêt habituel pour alléger les pétroliers avant le passage en mer du Nord. Il doubla le cap de Bonne-Espérance le 28 février, puis il a fait une escale de ravitaillement à Las Palmas le 11 mars. Trois jours plus tard, il commençait à rencontrer le gros temps qui s’était formé au large de la Bretagne.

Le naufrage s’est produit tout près de la côte

Le 16 mars 1978, l’Amoco Cadiz entrait dans la Manche. Il était attendu dans la baie de Lyme plus tard ce jour-là. Vers 9h16, le pétrolier se trouvait à environ huit milles nautiques au nord de l‘île d’Ouessant lorsque sa barre est tombée en panne. Le capitaine Pasquale Bandari hissa presque immédiatement le signal international pour prévenir que le navire ”n’était plus maître de sa manœuvre” et donc ne pouvait plus respecter les règles de priorité, enjoignant les navires qui le croiseraient à prendre toutes dispositions pour éviter un abordement. Par contre, incompréhensiblement, il ne demanda pas d’assistance avant 11h20.

L’ingénieur mécanicien du bord, après une minutieuse inspection, a conclu que le dommage était irréparable. Le super tanker de plus de 330 mètres et ses 220 000 tonnes de pétrole n’avait plus de gouvernail, dans l’une des zones les plus dangereuses du monde pour la navigation. La situation ne pouvait pas être pire…

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La Marine Nationale française, qui possède trois remorqueurs de haute mer, ne pouvait pas intervenir. Sur les trois remorqueurs, l’un était en cale sèche pour des réparations, le deuxième était en mission d’assistance au large de Terre-Neuve et le troisième était disponible, mais à une dizaine d’heures de route des lieux de l’accident. Il arriverait donc beaucoup trop tard et un seul de ces remorqueurs n’aurait de toutes façons pas été suffisant pour un tel monstre, leur capacité étant de 9 000 tonnes seulement (rappelons que l’Amoco Cadiz faisait 230 000 tonnes).

Tout le littoral breton a été souillé par le pétrole

Le remorqueur de sauvetage allemand Pacific qui se trouvait dans la zone, sous le commandement du capitaine Weinert, arriva sur les lieux à 12h20. La première remorque fut passée à 14h25 mais ne dura pas longtemps puisqu’elle fut arrachée à 17h20. L’Amoco Cadiz commença alors à être poussé par le vent et les courants en direction du rivage. A 20h00, l’ancre bâbord du pétrolier fut jetée à l’eau pour le fixer, mais elle n’a pas tenu et le bateau continua sa dérive. Une deuxième remorque a été passée à 20h23, mais la masse de l’Amoco Cadiz était trop importante et les conditions météorologiques de Force 10, empêchaient le remorqueur Pacific de remplir sa mission. Il ne pouvait faire mieux que de seulement ralentir la dérive vers le littoral. À 21h04, l’Amoco Cadiz a touché le fond pour la première fois, et sa coque et ses réservoirs de stockage se sont éventrés. Une demi-heure plus tard, le super tanker gravement blessé s’est échoué sur les roches de Men Goulven à Portsall. L’équipage a été sauvé par un hélicoptère de la Marine Nationale française.

Dans la nuit du 16 au 17 mars, la société Shell France prévoit d’envoyer des pétroliers allégeurs afin de pomper le pétrole des cales du super tanker. Le problème étant qu’il faudrait une bonne dizaine de jours pour mettre ce dispositif en place et que les événements allaient malheureusement prouver que l’on ne disposait pas de ce temps, puisqu’à peine quelques heures plus tard, la catastrophe se produisit. Le 17 mars, à 17 h, le navire, malmené par les éléments, a fini par se briser en deux, déversant 220 000 tonnes de pétrole brut dans la mer. La nappe de pétrole s’est étendue sur 400 km de littoral le long de la côte bretonne, détruisant les pêcheries, les bancs d’huîtres et d’algues, les mouillages et les plages de baignade malgré les efforts de 10 000 soldats français déployés pour nettoyer le littoral. La tempête a continué à pilonner le navire, et le 28 mars il s’est divisé en trois sections. La marine française a ensuite détruit les restes des cuves avec des charges explosives afin de les vider complètement et éviter que la pollution dure dans le temps. Les militaires, comme la population locale, aidés de nombreux volontaires venus des quatre coins de la France, se sont mis au travail pour enlever cette nappe gluante et puante qui recouvrait tout, rochers, sable et… faune : des dizaines de milliers d’oiseaux morts, poissons, coquillages, crustacés également touchés dans une proportion impossible à chiffrer. Il a fallu au moins sept ans pour que les espèces marines récupèrent. Un travail gigantesque, sans que la compagnie responsable de ce gâchis lève seulement le petit doigt, malgré la pression des associations écologistes… La lutte du pot de terre contre le pot de fer !

Une ancre de l’Amoco Cadiz est exposée sur le quai à Portsall

Des années se sont écoulés avant la fin des poursuites judiciaires et, en 1988, puis en 1992 en appel, un juge fédéral américain a condamné Amoco Oil Corporation à payer de forts dédommagements aux communes bretonnes et à l’Etat français, ainsi qu’au Syndicat de protection et de Conservation du Littoral.

Aujourd’hui l‘épave de l’Amoco Cadiz est devenue l’un des sites mythiques de la plongée en Bretagne, devant la ville de Portsall, par 48° 35’ 529 N de latitude et 4° 43’ 011 W. Elle ne peut être visitée que par temps calme et à l’étale, le site étant soumis à des courants de marée particulièrement importants. Les restes reposent par 30 mètres de profondeur, sur près de 600 mètres de long et remontent dans la partie la plus haute à 7 mètres de la surface. Seule la poupe est encore entière. Il manque la proue et son bulbe. La taille du bateau reste très impressionnante, les mouvements et les bruits des tôles dans les courants lui donnent un aspect vivant…

Lien vers Vidéo France 3 :

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