Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!
Le SS Turbo était un pétrolier anglais à vapeur, construit en 1912 par les chantiers Laing James & Sons à à Sunderland en Grande Bretagne, pour le compte de la compagnie Anglo Saxon Petroleum Co. Le Turbo jaugeait 4782 tonnes et mesurait 118 mètres de long sur 16 mètres de large et 8,4 mètres de tirant d’eau. Sa machine à vapeur à 3 cylindres à triple expansion de 443 cv le propulsait au moyen d’une hélice à la vitesse de 10 nœuds. Il était adapté pour transporter le carburant liquide en vrac, machines à l’arrière. Les plaques montrent également la spécification du moteur, construit par la société Dickinson et par Craggs.
Le 20 août 1941, le Turbo qui avait quitté Haïfa la veille à la tombée de la nuit, a été attaqué par des avions allemands alors qu’il se rendait de Haïfa à Alexandrie avec une cargaison de 7500 tonnes de carburant. Le capitaine de vaisseau J.B. Jones raconte:
«Le temps de l’après-midi du 20 était très léger et nous fîmes route à 7,5 noeuds en zigzaguant. A 17h45 à 35 milles de Damiette, nous avons aperçu deux bombardiers bimoteurs qui se dirigeaient vers nous depuis l’ouest dans le soleil. Ils étaient bleu clair, 50 pieds au-dessus de l’eau et volant l’un derrière l’autre. Quand ils furent à portée, nous commençâmes à tirer avec les canons de pont. Le premier avion arrivant à environ ¾ de mille sur l’avant tribord, a laissé tomber une torpille que j’ai vu approcher et j’ai balancé le navire à tribord toute. Le navire a bien répondu et la torpille est passée sans danger le long du côté tribord. Pendant ce temps le deuxième avion a fait un cercle plus large autour du côté tribord jusqu’à ce qu’il soit ¾ de mille sur notre tribord, puis il a libéré sa torpille.
Le navire tournait toujours à tribord. J’ai vu le sillage blanc et une seconde plus tard, la torpille a heurté le navire au milieu du côté tribord. Il y a eu une explosion terrible, un nuage de fumée noire et une colonne d’eau a été projetée sur au moins 95 pieds, mais il n’y avait pas de flamme. Nous avons continué à tirer avec les canons en utilisant toutes nos munitions. Les avions ont continué à voler en cercles à une distance de 2 milles avant de repartir. 10 minutes plus tard, deux de nos propres avions sont apparus. Les avions attaquants étaient des bombardiers italiens de type S79 adaptés pour transporter des torpilles. Le navire a basculé si violemment après l’explosion que je pensais qu’il allait se briser en deux, alors j’ai arrêté les moteurs.
La salle des pompes et les cales n° 3, 4 et 5 ont été inondées, le pont a été troué du côté tribord entre les réservoirs 3 et 4. Il y avait des fissures dans le côté tribord allant de la ligne de cisaillement principale à la quille, mais les compartiments étanches tenaient bon et le bateau ne coula pas.»
Le Turbo avait survécu à l’attaque et continua son chemin à vitesse lente, à une vitesse de 6 nœuds, pour ne pas forcer sur la structure encore valide du bateau. Tant que les compartiments étanches tenaient, il pouvait encore espérer arriver au port où il pourrait être réparé.
Le 21 août, une partie de sa cargaison a été déchargée et le Turbo a continué à traverser le canal de Suez pour décharger sa cargaison restante. Le Turbo a survécu mais il a été trop endommagé pour pouvoir espérer être réparé, bien qu’il puisse encore flotter. Son armement a été enlevé et après quelques réparations, notamment l’obturation des brèches de la coque, il a quitté Suez le 1er avril 1942 pour Karachi en remorque derrière la Gladys Moller (sister-ship de la Rosalie Moller) pour y être utilisé comme une barge de stockage de carburant.
Le 4 avril 1942, à l’approche de Ras Banas sur la côte sud égyptienne, non loin de Port Bérénice, (la position signalée le situe à environ 15 milles au nord), le navire s’est brisé en deux, vraisemblablement à cause des dommages subis lors du bombardement. La partie avant du pétrolier a coulé dans une zone peu profonde et comme elle représentait un danger pour la navigation, elle a dû être détruite, alors que la partie arrière a dérivé sur quelque distance avant de sombrer dans une zone où elle ne présentait pas de risque. La Lloyds a enregistré le naufrage comme étant une perte de guerre. “En se dirigeant vers Aden, utilisé comme une barge, le SS TURBO s’est cassé dans une mer forte. La Gladys Moller se tenait à l’écart, la partie arrière du Turbo ne pouvait pas être remorquée, pendant la nuit du 5 tout contact avec la poupe était perdu et la section d’étrave coulée par des tirs dans la nuit du 5 sous l’instruction de l’Amirauté de Port Soudan.”
Aujourd’hui la partie arrière de la coque repose sur un lit de sable à 28 mètres de fond, très près du récif sur son côté bâbord, aux coordonnées : latitude 24° 02’ 064 N et longitude 35° 37’ 962 E. Le côté tribord est à environ 18 mètres alors que le côté bâbord touche presque le sable. La passerelle surélevée et les traverses sont couvertes de coraux et abritent une multitude de poissons. L’indicateur de direction de barre est intact et se tient fièrement sur son pont. A en juger par les hublots intacts, peu de plongeurs sont passés ici, voire pas du tout. La salle des machines est énorme, facile à explorer et totalement intacte. Il est possible d’explorer trois étages au cœur du navire. Les bossoirs, les mains courantes, les escaliers et les canots de sauvetage offrent de superbes décors pour la photographie.