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Vous avez pu suivre il y a trois jours, l’agonie du torpilleur T 29 au cours d’un combat naval dans la Manche le 26 avril 1944. A la suite du naufrage, du T 29, les deux autres torpilleurs allemands qui l’accompagnaient continuèrent la bataille jusqu’au 29 avril où, dans la nuit, le second torpilleur T 27, fut détruit, en feu à la côte près de Kerlouan. Il restait encore le torpilleur T 24 qui tenait bon bien que l’avantage soit à la flotte alliée. Il avait face à lui la force 26, composée de 5 navires : le croiseur anglais HMS Black Prince, le destroyer HMS Ashanti et les destroyers canadiens HMCS Athabaskan, Haida et Huron.
A la suite du combat du 26 avril, seuls les destroyers canadiens Athabascan et Haida étaient restés au large des côtes d’Armor, afin d’interdire toute liaison de bateaux ennemis entre Saint-Malo et Brest. Le HMCS Athabaskan, matricule G 07, était un destroyer contre-torpilleur canadien à vapeur, construit en 1940 par les chantiers Vickers-Armstrong, de Barrow-in-Furness, en Grande Bretagne, pour le compte de la Royal Canadian Navy. Il mesurait 115 mètres de long pour 11 mètres de large et 2,7 mètres de tirant d’eau. Il était propulsé par 2 machines à vapeur Parsons de 44000 cv à 3 chaudières, lui donnant une vitesse de 36 nœuds. Il était armé de 6 canons de 120 mm, une tourelle double de 100 mm, 4 tourelles de mitrailleuses de 20 mm et 4 tubes lance-torpilles de 533 mm.
Le 29 avril 1944, une activité allemande a été détectée à 1 h 30 depuis le QG de Plymouth. Celui-ci signala aux deux destroyers, des navires en route cap à l’ouest entre Saint Malo et le phare des Roches Douvres. A 2h58, les deux échos se trouvaient au nord-est de Morlaix. Il s’agissait là des deux torpilleurs de Saint Malo qui avaient échappé à la flotte alliée 3 jours plus tôt : le T 24 et le T 27 qui, endommagés lors des précédents combats, ralliaient Brest pour y être réparés. Ordre fut donné aux destroyers canadiens d’intercepter ces navires. Il était alors 3h07.
Vers 4h00, l’Athabaskan détecta le premier signal radar des deux torpilleurs allemands. A 4h12, parvenus à distance de tir, l’Haida ouvrait le feu. Des fusées éclairantes permettaient de visualiser parfaitement la scène de combat. Pris sous un tir nourri, les torpilleurs allemands lâchèrent en retour des gerbes de torpilles, tout en créant un nuage de fumigènes pour se dissimuler. Malgré la manœuvre entamée par les destroyers canadiens pour éviter les torpilles, l’une d’elles toucha quand même l’Athabaskan sur son arrière, déclenchant un incendie à bord. Le navire fut obligé de stopper sa progression pour faire face à l’incendie qui prenait de l’ampleur.
L’Haida à sont tour déclencha des fumigènes pour protéger l’Athabaskan immobilisé et la suite du combat se déroula dans un brouillard compact. Malgré la perte de visibilité, l’Haida redoubla ses bombardements pour ne pas laisser de répit aux ennemis et les détourner de l’Athabaskan, devenu une proie facile. Ses efforts portèrent ses fruits, puisque les obus finirent par toucher leur but : le T 24, en partie endommagé mais toujours manœuvrant, rompit le combat et fit route à l’est, le long de la côte pour s’y mettre en sécurité. Le T 27, touché beaucoup plus gravement et victime d’un très violent incendie, ne put que se diriger droit vers la côte et s’échouer sur les rochers de Kerlouan afin que son équipage puisse l’évacuer.
A bord de l’Athabaskan, l’équipage continuait à lutter contre l’incendie pendant que le navire, moteurs coupés, dérivait. Les flammes étaient sur le point d’être circonscrites lorsqu’une énorme explosion secoua le destroyer, pulvérisant sa poupe : la soute à munitions, située à l’arrière du navire, venait d’exploser sous l’effet de l’incendie. L’Athabaskan, mortellement touché, s’enfonça bientôt par l’arrière et sombra en quelques minutes. Quelques dizaines d’hommes parvinrent à sauter à l’eau avant que le navire disparaisse de la surface.
L’Haida, après avoir poursuivi le T 27 jusqu’à son échouage, revint sur les lieux du naufrage et ne put récupérer que 42 rescapés puis, le jour se levant et la zone devenant extrêmement dangereuse car sous le feu des batteries côtières allemandes, le destroyer dut battre en retraite, laissant derrière lui une embarcation pour récupérer les derniers survivants.
Après le lever du jour, le T 24 réapparut dans la zone, accompagné de deux dragueurs de mines allemands, forçant la vedette canadienne à se replier à son tour avec à son bord 6 rescapés. Le torpilleur allemand prit alors le relais et finit de porter secours aux survivants qui nageaient encore en surface, accrochés aux débris flottants. Il en récupéra encore 68, qui furent faits prisonniers. Ainsi, sur un équipage de 245 hommes et 16 officiers, le naufrage de l’Athabaskan a fait 128 morts, dont 10 officiers. Parmi les victimes se trouvait le commandant de l’Athabaskan, Lieutnant-Commander John Hamilton Stubbs qui avait refusé d’être sauvé avant ses hommes.
Une partie des victimes qui ont été rejetées par la mer sur le littoral breton les jours suivants, dont son capitaine, ont été enterrés dans le village de Plouescat. Cette catastrophe reste l’une des pires qu’ait connu le Canada.
Le 16 octobre 2015, un navire de guerre canadien est venu se positionner à la verticale de l’épave de l’Athabaskan, pour une cérémonie de souvenir au cours de laquelle une gerbe a été jetée à la mer. Le nom de ce navire était : HMCS Athabaskan, matricule DDG 282, le successeur du destroyer qui gisait quelque 70 mètres sous lui. Il était venu rendre hommage à son prédécesseur avant de prendre lui-même sa retraite en 2017.
Aujourd’hui, l’épave du destroyer Athabaskan dort toujours près de la côte bretonne, au large de Portsall, aux coordonnées : latitude 48° 42’ 946 N et longitude 4° 31’ 471 W. Posé sur un fond de 70 mètres, l’épave n’est accessible qu’aux plongeurs confirmés.