Chaque jour, une épave : 15 mai 1943, le chasseur de sous-marins UJ-2213 à Monaco

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Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!

Avant de devenir l’UJ-2213, le chalutier L’Heureux avait été construit par les Chantiers Navals Français de Caen, pour le compte de la Société Fécampoise de Pêche, en 1930. Il a servi à écumer les bancs de morue, jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale. C’était alors un chalutier de haute mer de 64 mètres de long et 10 mètres de large pour un tirant d’eau de 4,6 mètres. Equipé d’un moteur diesel de 800 cv, il pouvait naviguer à la vitesse de 11,5 nœuds.

A gauche, L’Heureux au port de La Ciotat en 1942, à côté des sous-marins français Espoir (g) et Vengeur (d), désarmés

En 1939, réquisitionné par l’Etat français pour participer à l’effort de guerre, il passa sous le contrôle de la Marine Nationale française qui adjoint à son nom L’Heureux, le matricule P28. Il a été utilisé comme bateau de patrouille pendant un an, jusqu’à l’armistice de 1940 signé par le gouvernement de Vichy. Il se trouvait alors à Casablanca.

Son armateur n’étant plus en mesure de l’exploiter, le bateau fut désarmé, avant de repartir vers La Ciotat le 8 avril 1942, où resta en attente jusqu’à l’invasion allemande de la zone libre, le 11 novembre 1942.

Réquisitionné par la Marine allemande en décembre 1942, l’Heureux devint l’UJ-2213

L’Heureux fut alors réquisitionné le 14 décembre 1942 par Kriegsmarine pour devenir un chasseur de sous-marins, sous la dénomination UJ-2213.

Le 15 mai 1943, l’UJ-2213 était coulé par une torpille devant Monaco. Les renseignements sur le combat qui occasionna cette perte proviennent du KTB ((Kriegstagebuch – journal de guerre) de la 6e Sicherung Flottille, qui permit, en les recoupant avec des documents anglais, de retracer les derniers moments du navire.

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Le 15 mai 1943, un convoi de chalands pétroliers escorté par trois U-Jagers (chasseurs de sous-marins) était aperçu par le sous-marin anglais HMS Sickle. A 12h37, une torpille frappait l’UJ-2213 par tribord, un peu en avant de la passerelle. Coupé en deux, le navire disparut en moins dune minute.

Les Allemands donnèrent comme position estimée : à 4 kilomètres de la côte devant le palais princier de Monaco. Les Britanniques donnaient 43° 25′ N et 7° 25′ E.

L’UJ-2213 devait transporter des troupes car les Allemands donnèrent comme chiffres 70 rescapés et 46 disparus.

Un “UJ” dans le port de Monaco

Les deux autres UJ, l’UJ-2211 (ex morutier français Le Clairvoyant) et UJ-2206 (ex morutier français Saint Martin Legasse) contre-attaquèrent mais perdirent rapidement le contact. Les passes de grenadages ne donnèrent aucun résultat.

l’un après l’autre, ils durent abandonner la chasse, leur sonar étant tombé en panne. A noter que celui du UJ-2213 était également tombé en panne une quinzaine de minutes avant le torpillage. les deux UJ survivants rentrèrent dans le port de Monaco tandis que les chalands assuraient le sauvetage des survivants sur les lieux du naufrage. Pourquoi les UJ se mirent à l’abri, laissant la tâche risquée aux chalands ? Tout simplement parce que les chalands étant des bateaux à fond plat, avec très peu de tirant d’eau, ils étaient à l’abri des torpilles qui risquaient fort de passer dessous.

Le Minibex, navire soutien de la COMEX, avec sur le pont arrière le sous-marin Remora

L’épave du UJ-2213 a été trouvée par des plongeurs locaux et a été identifiée et repositionnée en avril 2008 lors de l’exploration du sous-marin Remora de la COMEX (voir vidéo en fin d’article). Aidé d’un ROV du navire de soutien Minibex, le Remora a pu effectuer la visite de la moitié arrière de l’épave.

L’UJ-2213 ayant été coupé en deux par l’explosion de la torpille, l’épave se trouve en deux tronçons, mais seule la partie arrière est connue. Elle se trouve par 114 mètres de fond, aux coordonnées : latitude 43° 43’ 450 N et longitude 7° 27’ 533 E selon les plus récents repérages. La moitié avant n’a pas été localisée. La coque est posée sur sa quille, avec une légère inclinaison sur bâbord. L’hélice est encore bien visible et l’ensemble de l’épave, couvert de grandes gorgones rouges, est colonisé par une faune très dense. Une plongée accessible uniquement aux plongeurs aptes à l’utilisation des mélanges Trimix, au vu de sa profondeur.

Lien vers vidéo Youtube de Eric Gallian :

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