Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!
L’avion de type B-24G-10-NT Liberator surnommé Miss I Hope, numéro 42-78213, a longtemps fait l’objet d’une méprise : on lui a donné, même sur la stèle qui a été dressée en mémoire de son équipage, le nom d’Ophélia Bump, alors que ce nom était celui de l’avion-modèle de la série. Aussi ne vous y trompez pas, si vous lisez dans la plupart des documents, l’histoire du crash du B-24 Ophélia Bump près de Saint-Raphaël, il s’agit en réalité du Miss I Hope.
Le B-24 Liberator était un bombardier lourd américain quadrimoteur, conçu en 1939 par la firme Consolidated Aircraft de San Diego en Californie et fabriqué durant la Seconde Guerre mondiale à près de 18 000 exmplaires. La série B-24G, dont est issu le modèle qui nous intéresse aujourd’hui, était une variante du modèle d’origine (B-24D), mais construit par la firme North American en 1942 à très petite série (25 exemplaires), principalement pour les unités de l’US Air Force stationnées en Italie, avec la mitrailleuse ventrale remplacée par une tourelle en forme de boule (Sperry).
Outre le chargement de 5,8 tonnes de bombes qu’il transportait pour les bombardements à long rayon d’action, il était armé de 10 mitrailleuses Browning de 12,7 mm réparties dans le nez, sur le dos, sous le ventre, sur les flancs et dans la queue.
Le B-24G-10-NT Serial 42-78213, portant le « Nose Name » (surnom peint sur le nez de l’appareil) Miss I Hope, appartenait au 454e Bomber Group, lui-même subdivision du 736 Bomber Squadron, de la 15e Air Force. Il était piloté par le Lieutenant Robert Batz et manœuvré par ses 9 coéquipiers : le Lieutenant Georges Erlewine (copilote), le Sergent Ward Bowman (mitrailleur tourelle dorsale), le Lieutenant Robert Bragg (navigateur), le Sergent Little (mitrailleur sabord), le Lieutenant James Logan (bombardier), le Sergent Peters (mitrailleur tourelle de queue), le Sergent Ramsey (mitrailleur tourelle ventrale), le Sergent Robert Royer (mitrailleur tourelle de nez) et le Sergent Gene Vodopia (opérateur radio).
Le samedi 27 mai 1944, les quatre groupes de bombardement du 304th Bomber-Wing de la 15th Air Force, décollaient de leurs bases du sud de l’Italie, pour attaquer le terrain d’aviation de Montpellier/Fréjorgues. Parmi eux, le 454th Bomber-Goup, formé de 30 appareils. Le B-24 Miss I Hope faisait partie de ce groupe.
C’est très peu de temps avant le passage des côtes françaises, au niveau du cap Roux, situé sur les côtes du massif de l’Estérel, qu’un B-24 est touché de plein de fouet par la Flak (artillerie anti-aérienne allemande). Il s’agissait de Miss I Hope.
Le B24 piqua vers la mer en effectuant de large spirales, 4 aviateurs réussirent à sauter en parachute (ils ont été faits prisonniers à leur arrivée au sol), un 5e sauta aussi en parachute mais il eut moins de chance, le parachute s’est mis en torche (Robert Royer, mitrailleur de la tourelle de nez, enterré aux U.S.A.). Les 5 membres de l’équipage restant s’écrasèrent avec l’avion dans la mer, dans la passe de la rade d’Agay. Parmi ces victimes, 4 figurent sur le listing du cimetière militaire américain de Draguignan (83). L’épave sera découverte fin aout 1984 par 42 mètres de profondeur par une équipe de plongeurs.
Le samedi 5 octobre 1997, était inaugurée face à la baie d’Agay, une stèle à la mémoire de cet équipage. Au printemps 2002, par mesure de sécurité, les plongeurs démineurs de Toulon exploraient le site, et détruisaient les 29 bombes retrouvées dans les restes de l’avion.
Philippe Castellano, historien, ayant effectué de très longues recherches pour localiser l’épave, apporta en septembre 2017 la preuve que Le nom “Ophélia Bump” figurant sur la plaque commémorative de la stèle d’Agay est une erreur « qui s’est propagée avec le temps », les recherches permettent désormais d’affirmer que le nom correct est “Miss I Hope”.
Selon Philippe Castellano, quelques minutes après que le B-24 Miss I Hope d’Agay disparut dans les flots, un autre B-24 était aussi touché par les batteries côtières et allait s’écraser sur les hauteurs de Grasse, dans es Alpes Maritimes. Son surnom était : “Miss Carriage”. Décidément, le 27 mai 1944 ne fut donc pas le jour des Miss… alors que deux jours auparavant, le 25 mai, un premier B-24 s’était écrasé à Agay, sur terre cette fois-ci, au col de Bellebarbe ; son nom de baptême étant… “Lucky Lady” !
Toujours selon l’historien Philippe Castellano, pour la petite histoire, le Sergent Gene Vodopia, opérateur radio du Miss I Hope, prisonnier de guerre, avec de graves brulures aux mains et au visage, est revenu en France au printemps 1984, 40 ans après le crash. Il demanda à sa famille si elle était d’accord de retourner dans le sud de la France, là où son avion disparu dans les flots. Mais pour un question de timing, cela ne fut pas possible. Quelques mois plus tard, (août 1984) l’épave de son avion était découverte… mais Gene ne le saura jamais, il est décédé une années plus tard, le 13 septembre 1985.
L’épave du B-24 Miss I Hope est en grande partie disloquée, certainement par l’impact à la surface de la mer. Elle repose sur un fond sableux par 42 mètres de fond, aux coordonnées: latitude 43° 25’ 192 N et longitude 6° 52’ 070 E. Une plongée sans grande difficulté, où l’on ressentira, à la vue de certains accessoires encore présents dans les vestiges, une certaine émotion en souvenir des 4 aviateurs qui ont été engloutis avec leur appareil…
Lien vers vidéo Youtube de Octopus84:
toujours une grande émotion à lire ce genre d’article. On peut dire merci aux américains.
Bonjour. Découverte de l’épave du B-24 “Miss I Hope” en août 1984. Sortie d’un livre sur cette histoire en 1994 ( sans compter les super et divers articles sur le sujet, principalement de Jean-Pierre Joncheray), et l’histoire continue. J’ai enfin réussi l’année dernière à remonter l’histoire concernant le corps retrouvé en mer près d’une semaine plus tard et qui n’avait pas été identifié par les Allemands; Il s’agit de l’officier navigateur, le S/Lt Robert T. Braggs. Sa dépouille inhumée aux côtés de celle du sgt Roiyer, dans le jardin de la villa Lysis, fut formellement identifiée après enquête des services Américains après guerre. Vu le fait que 4 hommes sont toujours portés disparus à ce jour, le DPAA, service d’investigation et d’identification des soldats Américains portés disparus, avec qui je suis consultant, projette d’effectuer une fouille sur l’épave. date non arrêtée. Sympa votre artuilce. Bonne continuation. Ph. Castellano
La villa Lysis existe encore?
Qui la possède?
Merci.
La villa Lysis doit être – à ce jour de septembre 2021 – démolie car l’important terrain donne directement sur la baie et la mer, et une nouvelle contruction va ou est en train prendre sa place. J’ai retrouvé d’après les plans (et avec l’aimable autorisation du nouveau propriétaire), l’endroit précis de leur lieu inhumation. C’était émouvant.
Une simple remarque, les photographies de cet article nous présentent un appareil effectivement baptisé “Miss I Hope”, son sérial est le 44.10624.
Il ne peut s’agir de l’épave d’AGAY, dont le sérial est 42.78213, les deux premiers chiffres sont l’année de fabrication, donc notre épave est un avion de 1942 et celui des photos de 1944.
J’ai moi même participé au relevé du sérial avec JP. JONCHERAY, lors de notre seconde plongée sur ce B 24, mais je l’ai immédiatement identifié comme B 24 au moment même de la découverte.
Un point caractéristique propre à beaucoup de B 24, la présence sur le nez de deux tubes de Pitot positionnés en “horn styled” (en forme de cornes), le gauche est bien visible sur les photos du N°10 du livre des épaves – naufrages d’avions en Provence –
On remarquera que ces deux tubes de Pitot sont absents des photos de “Miss I Hope”, ce qui est normal pour un B 24 construit en 1944 (placés sous le poste de pilotage ou sur les ailes.)
Les sondes Pitot de notre épave étaient de type AN-5816-2, très utilisées sur les avions de l’ Air Force comme de la Navy.
Si “Miss I Hope” est le nom de notre épave (?), ce n’est en aucun cas celui des photos.
Par contre il est bien de couleur aluminium et non peint en “olive drab”, comme d’autres B 24 du même bomber group.
L’ état de l’ épave peut laisser penser à une explosion avant le contact avec la surface de l’eau, dispersion importante des débris, mais un doute existe malgré tout, il faut savoir qu’après le guerre au moins un scaphandrier a exploité le site.