Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!
En 1920 naissait dans les chantiers Goole Shipbuilding & Repairing Co de Goole en Grande Bretagne, un petit navire nommé à sa sortie HMS William Chatwood et destiné comme navire de soutien à la Royal Navy. Long de 42 mètres et large de 7 mètres pour 4 mètres de tirant d’eau, il jaugeait 330 tonnes. Sa machine à vapeur de 70 cv à triple expansion était alimentée par une simple chaudière et actionnait une seule hélice.
Dès 1922, le William Chatwood, en excédent aux besoins de la Marine de Sa Majesté, fut mis en vente. C’est l’armateur Bouclet, de Boulogne sur mer, en France, qui s’en porta acquéreur pour le transformer en bateau de pêche. Il prit alors le nom de Blanc-Nez.
En 1931, on retrouve le Blanc-Nez aux mains d’un autre armateur de pêche, la Société Boulonnaise d’Armement Le Garrec. En 1934, notre navire traversa de nouveau la Manche pour retrouver une compagnie de pêche anglaise, la Boston Deep Sea Fisheries Fred Parkes, de Grimsby. Il prit alors le nom d’English Rose. Cette escapade anglaise ne dera pas très longtemps car un an plus tard, en 1935, il reprit le pavillon français en même temps que le nom de Saint-Dominique, au titre des Pêcheries de la Morinie.
Puis arriva la Seconde Guerre mondiale. Pour participer à l’effort de guerre, de nombreux bâtiments de commerce ou de pêche ont été réquisitionnés et armés pour participer en tant que Bâtiments Auxiliaires. La Flotte de 1939 comprenait trois composantes : la flotte principale composée de l’ensemble des bâtiments de combat, toutes classes confondues ; la flotte auxiliaire composée des transports, des pétroliers et des bâtiments spéciaux ; les bâtiments de servitude (remorqueurs de toutes catégories, gabares, citernes à eau ou à combustible automotrices ou non automotrices, bugalets, allèges et autres chalands…). Tous ces bâtiments avaient le statut de bâtiment de guerre et étaient armés par du personnel d’active (engagés ou appelés).
Ces nouveaux bâtiments que sont les bâtiments auxiliaires, ont été incorporés à la flotte principale (croiseurs auxiliaires, symbole commençant par X), des patrouilleurs auxiliaires (symbole commençant par P) des dragueurs auxiliaires (symbole commençant par AD) et des vedettes de port (symbole commençant par VP) ou à la flotte auxiliaire (navires hôpitaux, transports divers, charbonniers, mouilleurs de mines, bâtiment-base auxiliaire de sous-marins, pétroliers, charbonniers et câbliers (symbole commençant par X). Des remorqueurs seront aussi requis pour remplacer dans les Directions de Port les remorqueurs qui ont été versés à la Défense du Littoral pour le mouillage d’obstruction (barrages de filets ASM et d’estacades) ou au Section de Dragage comme dragueurs.
A noter que sous le symbole AD (Arraisonneur/Dragueur), on trouvait les dragueurs mais aussi des bâtiments assurant la reconnaissance (petits patrouilleurs chargés d’identifier les navires marchands qui approchaient de nos ports), des bâtiments de pilotage (guidage de ces navires marchands pour éviter les champs de mines et obstruction), des explorateurs de champs de mines (navires chargés de vérifier que les chenaux d’accès aux ports n’ont pas été minés par des sous-marins ennemis).
Nous retrouvons donc notre Saint-Dominique sous les drapeaux en 1939/1940, sous le doux nom de : AD-72 (Arraisonneur /Dragueur), de la Marine nationale, versé à la défense côtière. Mais l’ennemi gagnant du terrain, l’AD-72 va encore une fois changer de camp, réquisitionné par les forces allemandes en 1940, pour devenir HS-03 au sein de la Kriegsmarine. Enfin en 1942, il a été versé dans la flottille des patrouilleurs auxiliaires, dits Vorpostenboote, sous le matricule V-724. Comme les Arraisonneurs/Dragueurs français, les Vorpostenboote étaient les navires à tout faire : on les trouvait aussi bien aux fonctions de remorqueurs de haute mer, ou bien comme dragueurs ou encore pour l’ouverture des routes des sous-marins au sortir de leur base. Ils se plaçaient alors en tête de convoi et faisaient exploser les mines, soit à l’aide de longs mâts horizontaux qui déclenchaient les mines au contact, soit en remorquant des chaines.
Le 4 juin 1944 à 2h du matin, en rade de Brest, les patrouilleurs étaient en opération de dragage, lorsque deux détonations de mines retentirent et ont brièvement éclairé la nuit. Le V-724 venait de sauter et était très gravement touché. Il coula une heure plus tard, tandis que l’équipage était recueilli par les bateaux de la défense portuaire.
L’épave du V-724 gît par 30 mètres de fond devant Brest, à l’entrée du goulet, aux coordonnées : latitude 48° 18’ 950 N et longitude 4° 38’ 989 W. Le site, sensible au courant, est d’un accès relativement difficile car il se trouve dans le chenal d’accès au goulet de Brest. Sur l’épave, on peut encore voir les énormes rouleaux de chaînes, sur l’arrière, qui servaient à couper les orins des mines. On peut voir le canon de 50 mm à l’avant, ainsi que de nombreuses caisses de munitions.
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