Par Paul Poivert
La nouvelle vient de tomber : le Festival Mondial de l’Image Sous-Marine, qui avait disparu des écrans radar suite au déclin qu’il a connu à Marseille, est repris par le Salon International de la Plongée de Paris. L’ambition d’Hélène de Tayrac, Présidente du Salon et désormais propriétaire du Festival, est très simple : redonner à celui-ci le prestige qu’il a connu et la place prépondérante qu’il a connu au niveau mondial dans le développement de l’image sous-marine.
Le Festival Mondial de l’Image sous-marine, que l’on croyait mort et enterré, renaît de ses cendres. Après le départ à la retraite de son créateur et une descente aux enfers sous la coupe d’une nouvelle direction qui a brillé par son incompétence, suivie d’une première tentative de redémarrage peu fructueuse, c’est maintenant le Salon International de la Plongée de Paris qui va mettre les moyens considérables à sa disposition pour redonner au Festival la place prestigieuse qu’il avait naguère lors de sa belle époque sur les rivages dorés d’Antibes – Juan les Pins.
Daniel Mercier, créateur du Festival
Il voulait être marin, il a été plongeur sous-marin ! Né le 31 mai 1931 en région parisienne, Daniel Mercier a vu la mer pour la première fois à 15 ans mais ce n’est qu’à 30 ans qu’il a commencé à pratiquer la plongée sous-marine. Puis tout s’est enchaîné : il a créé le club de plongée Spondyle Club à Antibes en 1966, a passé son brevet de moniteur d’Etat en 1967, a participé à la fondation des Guides de la Mer – Association Nationale des Moniteurs de Plongée (ANMP) en 1972 (entité qui a enfanté par la suite le CEDIP, Comité Européen Des Instructeurs de Plongée professionnels en 1992), puis a créé en 1974 l’événement qui est resté le plus important du monde sous-marin pendant près de 40 ans : le Festival Mondial de l’Image Sous-Marine, dont la renommée s’étend sur l’ensemble de la planète.
Comment le Festival est né
En 1973, alors que Daniel assumait la vice-présidence nationale de la FFESSM depuis 4 ans, il fut décidé d’organiser l’assemblée générale annuelle de la Fédération à Antibes. C’est tout naturellement le Spondyle club d’Antibes qui en assura l’organisation. A cette occasion une manifestation ouverte au public fut créée pour découvrir les merveilles du monde du silence, alors peu fréquenté. La manifestation connut immédiatement un grand succès et la municipalité encouragea l’équipe à renouveler cette expérience.
Ainsi sont nées en 1974 les premières « Journées du Monde Subaquatique ». Dès la première année, les cinéastes amateurs et professionnels répondirent présents et le succès de cette manifestation ne fera alors que croître au fil du temps.
C’est en 1977 que les Journées du Monde Subaquatique sont devenues le “Festival Mondial de l’Image Sous Marine” (FMISM), qui prendra très vite dans le milieu de la plongée, le surnom de « Festival d’Antibes ».
Si les disciplines phares sont la photographie et le film sous marin, Daniel Mercier a su ouvrir ce festival à tous les arts (peinture, sculpture, musique, littérature) et aussi aux techniques nouvelles (sites web).
Conscient de l’importance de la richesse du patrimoine culturel confié par les auteurs, cinéastes et photographes au Festival, Daniel créa la Fondation du FMISM en 2002. Elle a pour mission de conserver ces œuvres, d’en permettre la consultation aux réalisateurs et aux scientifiques et de protéger les droits des auteurs de ces œuvres.
En 1992, Daniel Mercier a reçu le « Trident d’or », distinction honorifique décernée par l’Académie Internationale des Sciences et des Techniques Subaquatiques. Plus récemment, en 2018 Daniel a été promu à 86 ans, Chevalier de la Légion d’Honneur pour l’ensemble de son œuvre liée au milieu marin.
Un gros passage à vide
Le Festival Mondial de l’Image Sous-Marine (FMISM) a connu un gros passage à vide quand il a quitté sa ville d’origine pour s’installer à Marseille. Mais la ville-berceau de la plongée se révéla beaucoup moins accueillante pour cette manifestation pourtant devenue incontournable autant en France que dans le reste du monde. Si Antibes a vu passer le gratin mondial de l’image sous-marine (et de la plongée en général) pendant des années, Marseille ne réussit jamais à reprendre le flambeau. Ce déménagement coïncida avec le retrait de Daniel Mercier qui aspirait à prendre une retraite bien méritée. La direction qui lui succéda à la tête de cette magnifique manifestation, se montra en-dessous de tout et mena le Festival directement à la ruine. On peut supposer que la passion qui a animé Daniel Mercier durant toute sa vie, était aux abonnés absents chez son remplaçant…
On a alors cru le Festival bien mort, mais un dernier soubresaut a secoué le cadavre avec la tentative de reprise par un indépendant marseillais. Mais seul, sans aide, la tâche était trop lourde.
Un renouveau très prometteur
La nouvelle vient de tomber et gageons qu’elle va bien secouer tout le petit monde endormi de l’image sous-marine. On n’y croyait plus, pourtant le miracle se produit : le Festival Mondial de l’Image Sous-Marine renaît, dans le giron du Salon International de la Plongée de Paris !
C’est sans aucun doute la meilleure solution pour le Festival qui pourra s’appuyer sur la solide organisation du Salon afin de revenir au niveau qu’il a connu autrefois. Mais aux passionnés bénévoles d’Antibes, va succéder une équipe professionnelle à même de lui redonner son envergure internationale, et peut-être plus encore, avec une réelle ouverture vers le monde professionnel du cinéma et de la photo.
Après avoir sérieusement analysé la situation du Festival, Hélène de Tayrac, Présidente du Salon de la plongée de Paris, elle-même très attachée au Festival et à son créateur, a décidé de relever le défi. Soyons sûrs qu’elle y mettra les moyens et qu’elle usera pour cela du savoir-faire dont elle a fait preuve dans la réussite du Salon de la Plongée.
Quoi de neuf au programme ?
Si Hélène de Tayrac se montre encore discrète sur le programme à venir, on peut aisément imaginer que le Festival aura d’ores et déjà une place prépondérante lors de la prochaine édition du Salon de la plongée qui se tiendra au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, du 10 au 13 janvier 2020. S’il paraît un peu tard pour organiser le traditionnel concours dans un délai raisonnable, l’espace Festival pourra s’appuyer sur son patrimoine de plusieurs milliers de films et d’images pour offrir aux visiteurs un passionnante rétrospective. Une belle manière de remettre à l’honneur le travail de tant de cinéastes et photographes qui ont fait la renommée du FMISM tout en rendant le monde sous-marin plus accessible au grand public grâce à leurs images.
Ensuite ? La question reste posée, mais déjà les projets vont bon train. Dès l’année prochaine, le concours pourrait reprendre sous des formes inédites. Quelques indiscrétions soutirées de façon honteusement détournée laisseraient à penser que le Festival pourrait par la suite retrouver les « sunlights » d’une ville de la côte d’Azur pour perpétuer sa tradition… ou peut-être pas.
Rien n’étant encore fixé officiellement, la boîte à idées fonctionne à plein régime dans la nouvelle direction et ce que l’on peut affirmer, c’est que les idées foisonnent.
Gageons tout de même que cette renaissance va plaire à Daniel Mercier qui, toujours bon pied bon œil à 88 ans, ne sera certainement pas oublié et pourra savourer de contempler le nouvel essor de son « bébé ».
Alors, à tous les amoureux de l’image sous-marine (et à tous ceux qui veulent découvrir notre patrimoine sous-marin), rendez-vous au Salon International de la Plongée à Paris, parc des expositions de la Porte de Versailles du 10 au 13 janvier 2020 pour y fêter la renaissance du prestigieux Festival Mondial de l’Image Sous-Marine !
Women Divers Hall Of Fame
A noter qu’Hélène de Tayrac vient d’être officiellement intronisée au fameux Women Divers Hall Of Fame, organisme américain qui rend hommages aux personnalités féminines qui ont un rôle prépondérant dans la plongée au niveau mondial. Elle est l’une des rares femmes européennes à intégrer cette prestigieuse institution.
Bravo Hélène et merci pour Daniel qui mérite beaucoup de voir renaître son festival
Qui plus est entre des mains compétentes
Pour nous les vieux Scaf qui y étions très attaché parce que bien reçu par un ami, nous sommes heureux de voir que grâce à toi rien n’est perdu
Bises et amitiés
Gérard Loridon
Bravo Hélène,
Mon rêve a toujours été de voir renaître le festival d’Antibes, redécouvrant l’ambiance unique créée par Daniel à Antibes. C’est lui qui a réuni tous les cinéastes sous-marins dans une atmosphère d’amitié et de coopération sans précédent. J’ai hâte de partager à nouveau cette expérience unique. Amities, Krov Menuhin
Bravo, bravo pour votre intronisation au Women Divers Hall Of Fame.
Et mille fois bravo pour la renaissance du FMISM, je pense que nous sommes nombreux à nous en réjouir, Daniel MERCIER en premier.
Merci à vous et TOUT de BON.
Bonne nouvelle
Qu’il puisse se revigorer ce merveilleux festival qui a baigné mon enfance !