Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!
Le Schiaffino 24 (ne pas confondre avec le Prosper Schiaffino, dit « Donator », coulé près de Porquerolles) est un navire à vapeur de 75 mètres de long, de 11 mètres de large et de 5 mètres de tirant d’eau, jaugeant 1544 tonneaux, à la coque d’acier, équipé d’un moteur à vapeur de trois cylindres à triple expansion, développant 224 chevaux pour une vitesse de 11 nœuds. Il fut construit à Kiel en 1924 par les chantiers Friedrich Krupp Germaniawerft, pour la société hollandaise Scheepvaart En Steenkolen de Rotterdam, qui le cèda en 1928 à la société belge Armement Sofiliège, avant de finir en 1930 dans les mains de la Société algérienne de Navigation, son dernier armateur.
Parti de Port St Louis du Rhône le 9 décembre 1934 vers Alger via Sète, avec à son bord 21 membres d’équipage et 2 passagères (épouses du commandant et du chef mécanicien), il transportait des bidons de carburant et avait gardé une cale vide à l’arrière pour la remplir à Sète.
Dès le départ, le chargement était mal équilibré. Dans la tempête qu’il rencontra dès son premier jour de navigation, il a dû être particulièrement malmené, embarquer des vagues à cause de sa cargaison déséquilibrée et couler. Il sombra le 10 décembre 1934 par forte mer. Aucun survivant sur les 21 membres d’équipage et épouses du Commandant et chef mécanicien. Aucun corps ne fut retrouvé. Des débris attribués à ce naufrage sont apparus sur la côte, près du phare de l’Espiguette, quatre mois plus tard.
L’épave, entière, gît par 62 m de fond à environ 14 km au sud-sud-ouest du phare de l’Espiguette. Elle est pratiquement intacte et recouverte en grande partie de filets de pêche et de chaluts.
Vu l’éloignement et la profondeur, un bon bateau et un excellent niveau de plongée sont nécessaires. La plongée au trimix et surtout une grande prudence sont fortement recommandées sur cette épave considérée comme dangereuse du fait des conditions de plongée (épave sombre, peu de visibilité, profondeur, courant, en grande partie couverte de filets de chaluts qui sont passés un peu trop près… ).
Le bateau est posé sur une “bosse”, sur un fond de 60 environ. Patrice Strazzera, grand photographe d’épaves, l’a plongé et photographié. Il admet que la visibilité y est fortement dégradée à cause des alluvions soulevés par le passage des chalutiers à proximité ; la présence de l’épave constitue une oasis au milieu de ces fonds dévastés par la pêche intensive. A tel point que l’on peut se poser dans la cale sans même en apercevoir les parois. Et il y a des filets…
Patrice dit lui-même ne pas être très à l’aise sur cette épave : « elle sent la mort… »
Le 11 novembre 1984, un plongeur de la région, âgé de 55 ans, a plongé sur l’épave avec deux autres membres d’un club local. Il n’est jamais remonté. Il fallut attendre quatre ans pour le retrouver, lorsqu’en 1988, une palanquée descendant sur l’épave, aperçut un corps qui se balançait en pleine eau, à moitié pris dans les filets et les cordages qui flottaient autour de l’épave. Le cadavre portait encore tout son équipement de plongée. Les plongeurs de la palanquée, glacés par la macabre découverte, ne poussèrent pas plus loin leur exploration et alertèrent les autorités.
Ce sont les plongeurs le la Gendarmerie Nationale de Sète qui remontèrent et identifièrent le corps de la 24e victime du Schiaffino 24…
Sa position : 43° 21’ 410 N ; 04° 04’ 204 E