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Le Kingsdyke était un cargo-vraquier charbonnier à vapeur, construit en 1888 par les chantiers Schlesinger, Davis & Co., de Wallsend en Angleterre pour la compagnie anglaise Adam Brothers, de Newcastle, initialement sous le nom d’Orestes. Il mesurait 80 mètres de long sur 11 mètres de large et 6 mètres de tirant d’eau, avec une jauge brute de 1710 tonnes. Sa machine à vapeur à deux cylindres Compound sur une seule hélice, le propulsait à 8,5 nœuds.
Ce petit cargo à tout faire eut une vie assez mouvementée, car il changea souvent de mains : en 1889, il passa à la compagnie Collings & Co de Londres ; en 1894, il changea de nouveau de propriétaire, la Wescott & Laurence Lines, toujours en Grande Bretagne, puis fut brièvement repris en 1907 par la compagnie Ross, Allan & Johnston, en gardant toujours le même nom d’Orestes. Enfin, toujours en 1907, il arriva entre les mains de son dernier employeur, Crass & Co – Lowlands Steam Shipping Co de Glasgow. Il prit à cette occasion le nom de Kingsdyke qu’il allait garder jusqu’à la fin, en 1918.
Le 17 janvier 1918, alors que le Kingsdyke partait de Rouen pour Cardiff, il a été repéré par le sous-marin allemand UB-80 (commandé par Max Viebeg), à 20 milles au nord/nord-est du cap Barfleur. Celui-ci le prit aussitôt en chasse et lui envoya une salve de torpilles, sans aucune sommation comme il était d’usage à l’époque. Le cargo, mortellement touché, coula presque immédiatement avec 16 hommes d’équipage, y compris son capitaine, sans la possibilité, ni le temps, d’obtenir la moindre assistance. Le sous-marin allemand quant à lui, continua sa route à la recherche d’une nouvelle cible. Une attaque identique contre le britannique War Thistle se soldera par d’importants dommages sur le vapeur qui ne coulera pourtant pas et pourra être remorqué jusqu’au port le plus proche. L’UB-80 finit par se rendre le 26 novembre 1918, à la fin de la Première Guerre mondiale.
Aujourd’hui, l’épave du Kingsdyke repose toujours au large du Cotentin, au point de latitude 50° 03’ 003 N et longitude 01° 10’ 956 W, par 60 mètres de fond. L’épave est accessible mais comme elle est située en plaine mer, elle n’est que très peu visitée et uniquement par temps très calme. D’autre part, le voisinage d’une zone d’exercices pour les sous-marins impose une grande prudence…
Vous pouvez retrouver d’autres naufrages dans la Manche dans l’excellent ouvrage d’Yves Dufeil : Fortunes de mer, fortunes de guerre dans la Manche et aux abords de 1830 à nos jours.