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Remontons le temps jusqu’en 1794, à l’arsenal de Lorient où fut construit, pour la Marine Nationale française, le vaisseau de ligne Droits de l’Homme de 74 canons. Jaugeant 2900 tonneaux pour une longueur de 56 mètres, une largeur de 15 mètres et un tirant d’eau de 7 mètres, le Droits de l’Homme portait un gréement de trois mâts barque et comptait 1300 hommes, pas seulement les manœuvriers, mais aussi le corps de débarquement.
En janvier 1797, fut lancée une expédition visant à envahir l’Irlande par un corps expéditionnaire français. Cette armée, forte de 18 000 hommes, devait être renforcée par les membres d’une organisation secrète de nationalistes irlandais connus sous le nom d’United Irishmen et provoquer un soulèvement généralisé dans l’île. On espérait alors en France que la guerre qui en résulterait obligerait la Royauté anglaise à faire la paix avec la République française, au sortir de la Révolution qui avait divisé la peuple français et certains de ses voisins. La flotte d’invasion comprenait 17 vaisseaux de ligne, 27 bâtiments de guerre de moindre importance et de transports et acheminant de nombreuses pièces d’artillerie de campagne, ainsi que des équipements pour les forces irlandaises qu’ils espéraient soulever.
Cette expédition désastreuse au cours de laquelle pas un seul fantassin français n’avait pu poser un pied sur le sol irlandais, échoua lamentablement par le manque de coordination de la flotte française. Lors du retour peu glorieux de la flotte tricolore, le vaisseau Droits de l’Homme, éloigné du gros du convoi, fut pris à partie par deux frégates anglaises au large des côtes bretonnes, face à la baie d’Audierne. Les deux frégates britanniques, le HMS Indefatigable, de 44 canons, et le HMS Amazon, 36 canons, avaient reçu l’ordre de patrouiller dans la Manche au large d’Ouessant avec pour mission d’intercepter la flotte française rentrant d’Irlande. Elles aperçurent le Droits de l’Homme dans l’après-midi du 13 janvier et le prirent en chasse.
Le 18 janvier 1797, l’affrontement eut lieu et dura plus de quinze heures, malgré les violents coups de vent et la proximité de la côte rocailleuse bretonne. La mer était si forte que le vaisseau français ne pouvait ouvrir sa batterie de canons inférieure, la plus puissante, et ne pouvait donc tirer qu’avec les canons situés sur les ponts supérieurs, réduisant significativement l’avantage qu’un vaisseau de ligne pouvait avoir sur des frégates de plus petite taille. Les dégâts infligés par les bâtiments anglais, plus manœuvrables, étaient tels que, la force du vent augmentant, l’équipage français perdit le contrôle du Droits de l’Homme qui fut poussé en direction de la côte toute proche, à moins de deux milles nautiques. Son capitaine, Jean-Baptiste Raymond de Lacrosse, vit là une échappatoire et dirigea dans ce sens son navire à moitié démâté et devenu ingérable à cause de son gouvernail détruit, dans le but de s’y échouer, entraînant avec lui ses poursuivants. Dans la nuit, le Droits de l’Homme se planta sur un banc de sable juste en face du bourg de Plozévet. Les deux frégates anglaises, manœuvrèrent alors pour éviter le danger, et réussirent à s’éloigner, l’Indefatigable vers le sud, l’Amazon vers le nord. Mais la stratégie du capitaine français porta quand même en partie ses fruits, puisque l’Amazon finit sa course, elle aussi, sur un banc de sable tout près de la côte. L’Indefatigable quant à lui, parviendra à s’échapper, mais dans un piteux état.
Dans la tempête, les canots légers du Droits de l’Homme étaient emportés par les lames avant même d’être mis à l’eau. Plusieurs de ses matelots périrent en tentant d’établir un va-et-vient ou de chercher des secours. Dans la nuit, cinq chaloupes venues d’Audierne sont parvenues à emmener les blessés et environ 400 matelots ou soldats. Au total, le nombre exact des victimes françaises est difficile à déterminer ; un menhir gravé en 1840 à Plozévet en mémoire de cette bataille, indique environ 600 morts, la dalle de granit posée en 1937 en indique 400. L’estimation la plus élevée est de 900 morts sur les 1 300 hommes présents à bord du Droits de l’Homme. Les comptes fait d’après le rapport du Commandant Lacrosse indiqueraient environ 400 morts : 154 rejoignirent le rivage par fortune, 100 furent récupérés par des chaloupes, suivis de 300 par le cotre l’Aiguille, 150 par la corvette l’Arrogante le lendemain, suivis des 200 derniers par l’Aiguille.
L’Amazon quant à elle, perdit trois hommes dans la bataille et six dans son naufrage, auxquels il convient d’ajouter quinze blessés. Le reste de l’équipage fut fait prisonnier à son arrivée à terre.
Aujourd’hui encore, les restes du Droits de l’Homme gisent à peu de distance de la côte, face à Plozévet par une latitude de 47° 58’ 673 N et une longitude de 04° 27’ 466 W, sous quelques mètres d’eau. Si toutes les boiseries ont disparu, il reste de nombreux éléments métalliques, dont encore quelques canons ou carronades.
L’Amazon se trouve deux milles nautiques plus au nord-ouest, à la latitude 47° 59’ 042 N et longitude 04° 29’ 835 W, face à la pointe de Souc’h, sur une dizaine de mètres de profondeur.