Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!
Le SMS Thüringen était un cuirassé à vapeur allemand de la classe Helgoland, construit en 1908 par les chantiers Weser, de bremen, pour la Kaiserliche Marine (Marine Impériale allemande). Il mesurait 167 mètres de long sur 28 mètres de large et 9 mètres de tirant d’eau, pour un déplacement de 22 808 tonnes. Ses 3 machines à vapeur de 3 cylindres à triple expansion de 22 000 cv étaient alimentées par 3 chaudières, lui donnant une vitesse de 21 nœuds. Il était couvert d’un blindage d’une épaisseur de 15 cm à l’avant, 28 cm au milieu et 10 cm à l’arrière.
Il était armé de 6 tourelles doubles de 305 mm, 14 canons de 150 mm et 14 canons de 88 mm, ainsi que 6 tubes lance-torpilles de 500 mm. Il était manœuvré par 1100 marins et militaires.
Au début de la Première Guerre mondiale, le Thüringen a été affecté à l’escadre de combat 1. Sous le commandement du capitaine H Küsel, le cuirassé a combattu à la bataille de Jutland, aux côtés de ses trois sisterships. Lors de cette bataille qui resta célèbre pour avoir été le plus grand affrontement naval de la Première Guerre mondiale, le Thüringen a repéré de nuit le croiseur blindé anglais HMS Black Prince grâce à ses projecteurs extrêmement puissants et un déluge de feu s’est abattu sur le navire britannique. Les obus d’une demi-tonne envoyés par les canons de 305 du Thüringen ont fait tellement de dégâts que le Black Prince s’est littéralement retrouvé à l’état d’épave en quelques instants. Une explosion massive se produisit quand un obus toucha la cale des munitions, qui acheva le croiseur anglais.
Pendant la bataille, Thüringen a tiré 107 obus de 305 mm sans subir de dégâts. Le Thüringen et ses sister-ships n’ont plus été engagés dans les combats jusqu’à la fin de la guerre et une mutinerie a même éclaté à bord du cuirassé en 1917, à cause des conditions de vie à bord qui étaient plus proches du bagne que de la vie militaire. Après la fin de la Première Guerre mondiale, les quatre cuirassés de la classe Helgoland furent cédés en tant que dédommagement de guerre aux Alliés.
Alors que la flotte allemande, prisonnière des alliés, se sabordait dans la baie de Scapa Flow en Ecosse où elle était retenue, le Thüringen a échappé au suicide collectif car il avait été orienté vers une autre destination : il a été transféré à Brest, en France au début de 1920, mais au large de Cherbourg, l’équipage allemand a tenté de saborder le navire. Les Français ont réussi à amener le bateau lourdement inondé à Cherbourg.
En février 1921, le Thüringen a été remorqué à Brest, où l’on a procédé à son désarmement. Puis le 23 mai 1921, il a été remorqué de nouveau jusqu’à Gâvres dans le Morbihan, tout près de Lorient, qui était le site d’une base de formation d’artillerie pour la Marine française et qui fut son tombeau.
Le Thüringen a servi de cible pour l’école d’artillerie mais au bout d’un mois de ce régime, le cuirassé commençait à être mal en point et un incendie se déclara à bord. Puis les tirs reprirent de plus belle, jusqu’à achever la gigantesque forteresse flottante. Des voies d’eau s’étant déclarées, l’ancien cuirassé a ensuite été échoué près de la plage de Gâvres et sa coque s’est brisée en deux.
L’épave a été vendue pour la ferraille en mars 1923 et a été partiellement démontée in situ. Il a fallu 2 ans et demi aux démolisseurs pour venir à bout des énormes plaques de blindage qui couvraient le cuirassé. Cependant, une partie de la coque de plus de 110 mètres de long est demeurée dans l’eau.
L’épave du Thüringen repose toujours en face de la plage de Gâvres par moins de 10 mètres de fond, aux coordonnées : latitude 47° 41’ 198 N et longitude 3° 18’ 479 W. La coque elle-même a été en grande partie détruite par l’action des vagues dans les eaux peu profondes, mais elle garde encore un attrait certain pour les plongeurs qui viennent souvent lui rendre visite. A marée basse, le haut de la structure apparaît à la surface.
En plongée, ce qui reste du mastodonte impressionne encore le plongeur qui se faufile dans les enchevêtrements métalliques ou se glissant sous les tôles en compagnie d’une vie très animée : congres, lieus et bars sont souvent au rendez-vous pour disputer leur place aux homards. Les machines sont toujours présentes, mais la quille et l’étambot sont désormais enfoncés dans le sable.
Une belle plongée somme toute, qu’apprécieront les plongeurs de tous niveaux ainsi que les photographes car la faible profondeur procure beaucoup de lumière au site.
Retrouvez l’intégralité de l’histoire du Thüringen sur le livre : Naufrages en pays de Lorient (nouvelle édition), de Jean-Louis Maurette et Christophe Moriceau, édité par les Editions Scyllias. Lien : www.scyllias.fr
Lien vers vidéo Youtube de FR3 :