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L’HMS M2 était un sous-marin britannique très spécial puisqu’il était aussi un… porte-avion! De la classe M, construit par les chantiers Vickers de Barrow in Furness en Angleterre, pour la Royal Navy, il fut mis en chantier le 13 juillet 1916 et entra en service le 14 février 1920. D’une longueur de 92,72 mètres pour une largeur de 7,50 mètres et un déplacement en plongée de 1950 tonnes, il était propulsé par deux diesels 12 cylindres Vickers de 1200 cv en surface à une vitesse de 15 nœuds et quatre moteurs électriques de 400 cv chacun en plongée, à une vitesse de 10 nœuds.
Le M2 était le fruit d’une idée novatrice et originale pour l’époque. Le principe était de monter devant le kiosque de ces gros sous-marins anglais de la classe « M », un énorme canon de 300 mm. Mais après la Première Guerre mondiale, suite au désarmement de 1920 concernant les grosses pièces d’artillerie d’un calibre supérieur à 200 mm, les monstrueux canons furent démontés. Le M1 a coulé en 1925 suite à une collision et le M4 n’a jamais été mis en service. Le M3 fut converti en mouilleur de mines. Le M2 quant à lui fut transformé en 1928 en… sous-marin porte-avion. Ainsi on remplaça son artillerie par un hangar dans lequel prenait place un petit hydravion biplan Parnall Peto spécialement conçu en 1925 dans ce but par la firme Parnall.
Depuis sa transformation le M2 menait une carrière normale de temps de paix faite d’exercices qu’entrecoupaient les nécessaires carénages.
Le matin du 26 janvier 1932, le M2 effectuait des essais en mer et à 10H11 le commandant envoyait un message radio indiquant que son bâtiment naviguait en plongée dans la Manche au large de Portland dans la baie ouest. Ce fut le dernier contact qu’envoya le sous-marin à sa base qui, après un laps de temps sans nouvelles, déclencha les recherches. Huit jours après sa disparition le M2 était enfin localisé par les navires de la Royal Navy, gisant par une trentaine de mètres de fond. Les scaphandriers dépêchés sur le site découvrirent le sous-marin posé bien droit, l’étrave intacte, alors que l’arrière était légèrement enfoncé dans le sable.
Que s’était-il passé ? Un témoignage d’importance était donné par le capitaine du charbonnier Tyneside, A. E. Howard, qui rapporta qu’il avait aperçu clairement l’après-midi du drame le gros sous-marin s’enfoncer la poupe en premier, version qu’accréditaient les dommages aux hélices qu’avaient constaté les scaphandriers.
L’hypothèse la plus probable est que l’accident aurait eu lieu durant le lancement de l’avion, que la porte du hangar avait été ouverte trop tôt et qu’un torrent d’eau avait déferlé à l’intérieur du M2.
En effet il était d’usage lors du lancement du Parnall Peto de libérer la porte du hangar sous l’eau au moment ou le sous-marin faisait surface afin d’exécuter la manœuvre de lancement le plus rapidement possible. Pour cela le M2 se positionnait grâce à ses hélices, ses barres de plongée et vidait partiellement ses ballasts. Il est clair qu’une panne de moteurs ou une avarie de barre de plongée dans un tel moment aurait entraîné de graves complications.
L’enquête ne permit pas réellement d’expliquer de manière correcte quelles étaient la ou les causes de l’accident. Seule certitude : Le drame avait certainement eu lieu lors de la phase de préparation du lancement de l’hydravion. En effet les scaphandriers remontèrent à la surface le Parnall Peto et lors de son inspection on trouva dans le cockpit la montre du pilote dont les aiguilles indiquaient 08H45, montre qui était avant son immersion en parfait état de fonctionnement. Le corps du pilote n’était pas dans l’appareil, ayant été certainement éjecté lors du naufrage et emporté par les courants. Néanmoins deux cadavres furent retrouvés par la suite. Il s’agissait du Quartier maître Albert Jacobs, âgé de 28 ans, suivi cinq mois plus tard d’un deuxième corps portant une tenue de vol, celui du Caporal Leslie Gregory. Ce détail vestimentaire corroborait la théorie que le sous-marin avait sombré lors de la préparation d’un catapultage de l’hydravion.
Des opérations pour tenter de renflouer le M2 durèrent presque une année, sans succès. l’Amirauté britannique décida en désespoir de cause d’abandonner le sous-marin et les soixante corps qu’il contenait à son linceul marin.
Le M2 dort toujours à l’entrée de la baie de Portland, à la latitude 50° 34’ 601 N et la longitude 002° 33’ 995 W (position précise – WGS 84). Passé dix mètres la visibilité se dégrade fortement. Les hélices ont été démontées mais le kiosque possède encore ses périscopes et des mâts divers. Tous les panneaux sont fermés et il est impossible de pénétrer dans le sous-marin, sauf dans le hangar où prenait place le petit hydravion Parnall Peto. Celui-ci est habité par une colonie d’énormes congres. L’étrave est pointée vers le Nord, très particulière de ce type de submersible, avec ses tubes lance-torpilles. Le M2 est vraiment énorme et son aspect est sans commune mesure avec les autres épaves de sous-marins. Il demeure la tombe des 60 sous-mariniers qui y dorment pour l’éternité.
Récit de Jean-Louis Maurette www.scyllias.fr
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