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Le Saint Laurent était un cargo mixte en acier jaugeant 7246 tonnes. Il a été lancé le 19 mai 1905 au Grand-Quevilly, près de Rouen par la Société des chantiers de Normandie Laporte & Cie de Rouen, pour le compte de la Compagnie générale transatlantique. Sa longueur, était de 119 mètres, sa largeur, de 15 mètres. Il était propulsé par une machine à vapeur à triple expansion de 3 cylindres, d’une puissance de 2.800 cv sur une hélice, lui donnant une vitesse de 12,6 nœuds.
Mis en service en mai 1905 sur la ligne du Mexique, le Saint Laurent navigua alternativement sur cette ligne et sur celle de New York à partir de février 1906. Puis il a été affecté aux lignes de la côte Est du Canada et notamment au transport des terre-neuvas jusqu’à Saint-Pierre-et-Miquelon ou Terre-Neuve au départ de Saint-Malo. Durant la Première Guerre mondiale, il a été réquisitionné le 30 août 1916 par l’Armée française et utilisé comme transport auxiliaire par la 1re Armée navale. Son équipage fut alors constitué de marins civils mobilisés.
Dans le cadre des opérations de transfert des éléments de la 30e Division d’infanterie sur le front d’Orient, le Saint-Laurent avait été désigné pour assurer notamment le transport de troupes et de matériel de Marseille à Salonique de la 106e Batterie de mortiers de 58 de tranchées du 30e Régiment d’artillerie de campagne, soit 2 officiers, 119 hommes, 61 chevaux ou mulets et 24 voitures, à laquelle s’ajoutait l’Équipe Mobile de Réparation de Artillerie Divisionnaire, soit 35 hommes, 21 chevaux ou mulets et 5 voitures. Outre celui de l’Équipe mobile de réparation, avait également été chargé en soute le matériel des Sections de munitions de l’infanterie et de l’artillerie, et donc une importante quantité de matières explosives.
Le bâtiment avait appareillé de Marseille le 30 janvier 1917 à 14h, ayant à bord 381 passagers, soit 246 militaires français et 135 civils grecs, ainsi que 50 déserteurs sous la garde de 6 gendarmes. Ses cales contenaient environ 2.300 tonnes de marchandises diverses, 400 tonnes de carburant pour avions et des munitions pour l’artillerie et les troupes d’infanterie. Ayant fait escale à Malte, le 4 février, il mouilla vers 9 h. dans la baie de Sliema, à l’entrée du chenal de Lazaretto, avec la proue ancrée vers l’entrée du chenal et la poupe amarrée par des aussières à la rive du promontoire de Ta ‘Xbiex, en face de l’hôpital de Lazaretto.
Le 5 février 1917 à 7h50, alors que le navire était toujours à quai, deux énormes explosions se produisirent à bord. Le navire fut dévasté, des corps et des débris tournoyèrent en l’air avant de retomber dans l’eau ou sur les quais. Très vite, la cale prit feu ; les tentatives d’extinction échouèrent car l’incendie se situait au fond de la cale et ne pouvait être atteint sans décharger une partie de la cargaison. Très vite, il menaça de s’étendre aux cales remplies de munitions et d’explosifs. Les secours s’organisèrent, avec l’aide de marins anglais des bateaux voisins. On évacua les rescapés le plus vite possible au milieu des flammes de l’incendie qui était devenu incontrôlable. Puis le déchargement de la cargaison n’étant même plus possible, la décision fut prise pour éviter l’explosion des cales de munitions qui serait catastrophique pour la ville entière, de couler le Saint Laurent; ainsi la submersion des cales viendrait à bout de l’incendie et pourrait éviter l’explosion.
Le sous-marin de la Royal Navy, le HMS B11, qui se trouvait alors à Malte, fut remorqué à la hâte jusqu’à Marsamxett et placé devant la côte ouest du centre de La Valette. De là, peu avant midi le 5 février 1917, le sous-marin tira une seule torpille sur le cargo français, la frappant du côté tribord sous le pont. Le trou dans la coque a alors inondé l’une des cales avant, ainsi que la salle des chaudières et la salle des machines. Le SS Saint Laurent a ensuite coulé par l’avant après quelques minutes, ce qui eut pour effet d’éteindre l’incendie et de placer en toute sécurité la cargaison de munitions sous l’eau. Il fut dénombré une quarantaine de victimes parmi les passagers militaires transportés et 6 parmi les hommes d’équipage.
Aujourd’hui, les restes de l’épave sont éparpillés dans l’espace s’étendant entre le promontoire de Ta ‘Xbiex et l’hôpital de Lazaretto, sous une dizaine de mètres d’eau, aux coordonnées : latitude 35° 54’ 028 N, longitude 14° 30’ 114 E. Paradoxalement, cette épave, qui se trouve tout près de celle du Carolita, est boudée par les plongeurs alors que l’on pourrait facilement y accéder depuis le bord…