Chaque jour, découvrez dans www.plongee-infos.com l’histoire d’une épave, coulée à la même date par le passé, quelque part près des côtes françaises ou ailleurs dans le monde, déjà explorée… ou pas ! Vous retrouverez ainsi quotidiennement un nouveau site, pour vous confectionner une collection passionnante pour vos futures plongées ou simplement pour explorer… l’Histoire!
Le trois mâts carré Chateaubriand a été construit en 1901 par les chantiers maritimes du Sud-Ouest à Bordeaux pour la Société Bretonne de Navigation de Nantes. Les chantiers de Bordeaux, qui avaient lancé le célèbre cinq-mâts France II, construisirent 5 navires trois-mâts carrés : Alice, Chateaubriand, Hélène Blum, Duguay Trouin et Duchesse de Berry.
Trois-mâts franc de 2247 tonnes de jauge, il mesurait 86 mètres de long sur 13 mètres de large pour 7 mètres de tirant d’eau. Cette largeur, plus importante que sur les autres voiliers de ce type, donnait aux navires de cette série une plus grande élévation de mâture tout en diminuant la gite et en permettant d’embarquer moins de lest.
En 1912, le Chateaubriand a été vendu à la Société Nouvelle d’Armement de Nantes. En décembre 1912, le navire s’est échoué à Sturt Bay, près de Port Adélaide, en Australie et il y est resté du 17 au 29, jusqu’à ce que les dispositions prises et le remorqueur Wato le tire de là. Le grand voilier était alors commandé par le capitaine Eugène Allée. Après les réparations, il put reprendre la mer et rentrer en France.
Le 8 avril 1915, le Chateaubriand, sous les ordres du capitaine Grondin, en voyage de Londres vers New York avec une cargaison de craie, a été torpillé et coulé par le sous-marin allemand U 32 (capitaine Edgar von Spiegel), à 25 miles au sud-est de Beachy Head au beau milieu de la Manche face à Dieppe et au Tréport côté français. Il n’y a pas eu de victimes.Le rapport de mer du capitaine Grondin donne les détails de ce torpillage :
“Le 8 avril (1915) à 7h du matin, aperçu à nouveau l’île de Wight dans le N.O., pris tribord amures. La brise fraîchit, cargué et serré les perroquets volants et la grand voile. Vers 10h40 du matin, un sous-marin battant pavillon allemand surgit dans le sillage du navire, vient se placer à tribord derrière, puis signale d’abandonner immédiatement le navire. Un homme du sous-marin me crie en anglais que cinq minutes nous sont accordées, puis ayant échangé quelques paroles avec une autre personne que j’ai supposé être le capitaine, rectifie son ordre en criant que dix minutes sont accordées au lieu de cinq. Débordé les embarcations et pris la panne sous le grand hunier. Lorsque le navire a bien perdu son erre, fait amener la baleinière tribord. La mer est grosse et rend l’embarquement dans les canots assez difficile. Trois hommes tombent à la mer en se pressant trop, mais sont ensuite repêchés. La baleinière tribord déborde, dix-neuf hommes sont partis. Amené la baleinière de bâbord. Monsieur Prat, second, Leduc, premier lieutenant, Demeyer, mécanicien, Biniguer, charpentier et Oger, matelot y prennent place. Après m’être assuré qu’il ne reste plus personne à bord, embarqué moi-même et donné l’ordre de déborder. Nous sommes à 100 mètres environ sur l’arrière du couronnement, lorsque le sous-marin lance une torpille qui atteint le navire à hauteur du fronton de dunette. Une terrible explosion se fait entendre et une grande colonne d’eau est projetée à hauteur des barres de perroquet. La vergue de volant de fougue est tombée au choc et le Chateaubriand coule rapidement par l’arrière ; peu après les panneaux arrière et le grand panneau saute en l’air, le navire se couche sur tribord et sombre en produisant un énorme tourbillon. Il s’est écoulé quatre minutes entre l’explosion et la disparition complète du bâtiment. Le sous-marin se remet en marche, filant à toute vitesse vers le N.E…”
Le Tréport, le 9 avril 1915, le capitaine Grondin.
“P.S. Je n’ai rien pu sauver, les papiers du bord et les fascicules de mobilisation des hommes sont également perdus. Le sous-marin allemand qui a torpillé mon navire avait environ 60 mètres de long, était peint en gris-bleu et n’avait aucun numéro ou marque distinctive. Un appareil photographique ou cinématographique était installé sur la plate-forme du sous-marin et à dû suivre et enregistrer toutes les péripéties du torpillage, depuis le moment des sommations jusqu’à la disparition complète du Chateaubriand. Pendant tout le temps que nous avons tenu la mer avec nos embarcations de sauvetage, aucun navire de guerre n’a pu être aperçu.”
L’extrait du livre de bord de l’U 32 nous donne la version du capitaine allemand von Spiegel:
« 8.4.1915 – Vent W 7-8, mer force 7. Baromètre en baisse. Depuis 9h30, l’U 32 a fait surface et fait route face à une mer grosse sur un seul moteur afin de recharger ses batteries avec l’autre.
13h20 – Un grand navire en vue. Je fais route sur lui en envoyant le signal : “Halte” par fumigène, le voilier ne veut pas mettre en panne, avec une carabine nous tirons plusieurs coups de feu dans le gréement. Alors, le voilier met en panne et l’équipage quitte le bord dans les embarcations. Il est ensuite coulé avec une torpille de bronze. Distance de tir 300 m, le voilier coule en 3 minutes. Latéralement, il portait le nom “Chateaubriand”. Il n’arborait aucun pavillon. »
Après le naufrage, les deux chaloupes firent route vers les côtes françaises, poussées par le vent et la mer, toujours forte. Les 25 hommes de l’équipage, purent se répartir dans les deux bateaux, 13 dans celui du capitaine, 12 dans celui du second. Dans la mer agitée et sous la pluie, ils ont ramé et dérivé pendant 48 heures sans rencontrer le moindre navire susceptible de les secourir, ils ont enduré des souffrances intenses, étant sans nourriture et souffrant de froid pendant les deux jours. Finalement, les chaloupes arrivèrent en vue du Tréport. La première, menée par le capitaine, réussit à entrer dans le port par elle-même mais la seconde ayant eu plusieurs rames cassées, dériva dans le courant vers une zone rocheuse où elle risquait de se fracasser. Le canot de sauvetage du Tréport, « Des Essarts » dirigé par le patron Gaudet, réussit à récupérer les naufragés avant que la chaloupe ne sombre et put les ramener au port, sains et saufs. Les 25 membres de l’équipage du Chateaubriand ont survécu.
Le Chateaubriand gît toujours au milieu de la Manche en face de Dieppe, par 38 mètres de fond aux coordonnées : latitude 50° 25’ 986 N et longitude 0° 42’ 207 E. La principale difficulté pour plonger sur cette épave est sa position, dans le couloir de navigation des navires commerciaux. Difficile de plonger sereinement avec les cargos, pétroliers et autres porte-containers qui passent au-dessus de votre tête…
Pour la petite histoire, lors du naufrage du Châteaubriand, le capitaine Joseph Grondin perdit la somme de 10 000 francs, toute sa fortune restée à bord (Le Petit Parisien, n° 14.043, Dimanche 11 avril 1915, p. 3). Cette somme a dû rester dans sa cabine, avec les documents du bord. A noter que cette somme aurait aujourd’hui une valeur non négligeable : en tenant compte de l’évolution de la valeur des monnaies (pour exemple, le capitaine Grondin recevait 300 francs de salaire mensuel en 1915, alors que le salaire actuel d’un capitaine au long cours est de 5000 Euros) et du cours officiel des monnaies en numismatique, la somme de 10000 francs du début du XXe siècle vaudrait aujourd’hui environ 50 000 Euros s’il s’agit de monnaie courante et pouvant aller jusqu’à plus de 100 000 Euros s’il s’agit de francs-or…
Comme sur le “ville de Grasse, il s’agit certainement de franc-or. Ce trésor git donc à la limite des eaux territoriales entre la Grande Bretagne et la France.
Une rumeur, j’insiste sur ce terme, laisse entendre qu’un archéologue célèbre de st Raphael serait en train de faire un stage de plongée Tek. Connaissant son expérience prouvée lors de la récupération du trésor de Rommel, on s’attend à le voir s’immerger en Manche. Il aurait dit un soir de liesse à ses amis “je vais le faire pour la France, mais l’Angleterre n’aura rien! le DRASM non plus”