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Par Alain Favre

Comment avoir le bon lestage ? C’est la question de nombreux plongeurs, et pas seulement des débutants. Il suffit de changer d’équipement (combinaison, vêtement étanche, bouteille acier ou alu…) pour devoir rééquilibrer notre flottabilité. Petit rappel de la méthode la plus simple pour plonger confortable…

Comment savoir combien de plombs que vous devez prendre ? Selon Archimède, tout objet, totalement ou partiellement immergé dans un fluide, est soutenu par une force verticale dirigée de bas en haut égale au poids du volume du fluide déplacé par l’objet.

C’est le fléau de tous les plongeurs. Nous voulons aller voir le fond de la mer, mais les dynamismes inhérents à nos combinaisons, nos gilets, nos poumons et nos cellules graisseuses conspirent tous pour nous empêcher d’y arriver. Sans oublier la nature de la bouteille de plongée, le milieu (eau douce ou eau de mer), voire même notre état physique ou notre expérience.

Bien lesté, une impression de légèreté…

À l’origine était le lest

Le principe de base : pour surmonter la force de la flottabilité, vous devez utiliser du lest. La question est : combien ? 

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Alors que la réponse est différente pour chaque plongeur, l’objectif est le même : suffisamment de poids pour vous permettre d’évoluer efficacement et en toute sécurité à toutes les profondeurs, et pas un kilo de plus.

Les plongeurs ont généralement appris à définir une flottabilité neutre à 3 mètres de profondeur, tout en portant un gilet stabilisateur vide et un bloc presque vide. Mais comment faire ce calcul ? 

Il y a la méthode théorique de base, très simplifiée est pas vraiment justifiée : calculer 10% de votre poids corporel en plomb (dans la pratique, le lestage réel est bien moindre). Ou bien il y a la technique du flotteur de surface : cette méthode se fait dans l’eau, en tenue de plongée, ajoutez progressivement des plombs à votre ceinture jusqu’à avoir suffisamment de poids pour vous permettre de flotter avec l’eau au niveau des yeux (certains diraient à la racine des cheveux…).

Mais plutôt que de simplement empiler aveuglément des plombs sur la tête, pourquoi ne pas essayer de comprendre pourquoi vous devez porter ce contrepoids malgré le poids que vous faites. En déconstruisant l’état de votre flottabilité, vous savez exactement où vos besoins de contrepoids sont les plus grands, ce qui peut révéler les moyens de réduire la quantité de poids que vous aurez finalement à porter. Voilà comment :

Tester sa flottabilité personnelle

Étape 1 : Calculer d’abord la flottabilité de votre corps seul

Combien de poids avez-vous besoin pour rendre votre corps neutre ? Prenez un peu de poids dans l’eau alors que vous portez juste un maillot de bain. Vous serez parfaitement équilibré lorsque vous pouvez flotter immobile avec une demi-inspiration, et couler lorsque vous expirez. (L’utilisation d’un tuba peut rendre ce test plus facile). Certains peuvent avoir une densité corporelle plus ou moins importante : là où les uns vont flotter, les autres auront du mal à se tenir en surface. Les premiers ajouteront du lest et les seconds devront retrancher cette flottabilité négative, ce qui leur permettra d’enlever du plomb de leur ceinture.

Astuce pour diminuer le lestage : Un bon régime ! En effet, en perdant du gras, vous perdez du volume, donc vous réduisez la poussée d’Archimède. En outre, travaillez à transformer votre graisse en muscle. La masse grasse, plus légère, offre une flottabilité beaucoup plus importante que la masse musculaire, de sorte que toute la graisse que vous pouvez convertir en muscle fera baisser votre flottabilité.

Étape 2 : Calculer la flottabilité de votre combinaison de plongée

Portez votre combinaison de plongée, entrez dans l’eau et répétez la procédure décrite à l’étape 1. Ensuite, prendre le montant total des poids nécessaires pour obtenir une flottabilité neutre, soustraire du résultat de l’étape 1, et vous aurez le poids d’équilibrage de flottabilité net pour votre combinaison.

Vous pouvez aussi placer la combinaison dans un sac filet et accrocher à celui-ci des plombs jusqu’à ce qu’il s’enfonce légèrement sous la surface.

Pourquoi séparer cette étape de l’étape 1 ? Tout simplement qu’en cas de changement de combinaison, vous aurez juste à recalculer la flottabilité de celle-ci (la nouvelle).

Astuce pour réduire le lestage : Si la température de l’eau le permet, réduire l’épaisseur de la combinaison. Une combinaison peut avoir un à deux kilos de flottabilité pour chaque millimètre d’épaisseur. Si vous portez une combinaison étanche en néoprène, considérez que les combinaisons en néoprène compressé ont beaucoup moins de flottabilité que le néoprène standard. Si vous portez une combinaison étanche en tissu, n’oubliez pas que les sous-vêtements minces ont beaucoup moins de flottabilité que les doudounes gonflées.

Un bo lestage sert aussi à pouvoir se maintenir en pleine eau

Étape 3 : Calculer la flottabilité de votre gilet stabilisateur

Le gilet peut être une énorme source de flottabilité, en particulier les modèles anciens qui ont beaucoup de rembourrage pour les rendre confortables. Il est commun que les gilets standards présentent plus de 2 kg de flottabilité, ce qui signifie, bien sûr, que vous avez besoin de deux kilos de plomb supplémentaire sur votre ceinture pour compenser. Sans compter sur le fait qu’il peut très bien se former une poche d’air quelque part dans l’enveloppe ou dans la vessie et qu’il est toujours difficile de chasser cet air résiduel. Heureusement, la plupart des gilets modernes présentent beaucoup moins de flottabilité car ils sont beaucoup plus compacts.

Pour tester la flottabilité inhérente de votre gilet, plongez-le dans l’eau en maintenant ouvertes toutes les soupapes pour purger l’air de la vessie. Pressez le rembourrage dans les épaules et dans le dos, ainsi que les poches pour libérer les bulles d’air. Tournez lentement le gilet comme si vous vouliez l’essorer, pour permettre à tout l’air de s’échapper. Soyez patient, laissez suffisamment de temps pour que l’eau remplace l’air dans tous les recoins. Lorsque vous arrêtez de voir des bulles, lâchez le gilet dans l’eau. Si il remonte vers la surface, c’est que vous avez un peu de flottabilité à compenser. Ajoutez des poids sur le gilet jusqu’à ce qu’il reste en flottabilité neutre dans l’eau. Puis comptez le nombre de poids qu’il aura fallu pour y arriver et vous aurez votre compte.

Astuce pour réduire le lestage : Acheter un gilet moderne. Les modèles qui paraissent actuellement sur le marché depuis ces dernières années présentent, en moyenne, moins d’un kilo de flottabilité, et certains sont carrément en flottabilité nulle. 

Un plongeur bien équilibré ne risque pas de se vautrer sur les coraux

Étape 4 : Calculer la flottabilité de votre bouteille

Les caractéristiques de flottabilité des bouteilles sont très variables. Par exemple, un bloc standard en aluminium est de 1 kilo de flottabilité négative quand il est plein, mais il présente 1,5 kilo de flottabilité positive quand il atteint la pression de réserve (50 bar). Le différentiel de flottabilité sera donc de 2,5 kilos entre le début et la fin d’une plongée. Ce qui n’aide pas pour le calcul du lestage idéal.

Une bouteille en acier, d’autre part, présente au début de la plongée une flottabilité négative et restera négative en fin de plongée. Par exemple, un mono 12 litres est en flottabilité négative d’environ 4 kilos lorsqu’il est plein et il est en flottabilité négative de 1,5 kilo quand il est vide. Ce kilo et demi pourra être retiré de votre calcul de lestage.

Astuce pour réduire le lestage : utiliser de préférence une bouteille en acier. Un plongeur correctement lesté qui passe d’un bloc aluminium à un acier de même volume, pourrait théoriquement enlever 3 kilos de lest de sa ceinture.

L’environnement sous-marin est fragile, pas question d’écraser ses merveilles

Étape 5 : Calculer pour tout le reste

Rassemblez votre détendeur, jauges, couteau, palmes et autres accessoires que vous utilisez régulièrement en plongée, placez-les dans un sac en filet de flottabilité neutre et submergez-le (n’oubliez pas d’obstruer l’entrée d’air haute pression de votre détendeur avec le bouchon adéquat pour ne pas l’inonder). Le but ici est d’abord de voir si tout le paquet est en flottabilité positive ou négative, car si le détendeur et autres accessoires sont lourds, les palmes, elles, peuvent flotter. Si c’est le cas, ajouter un peu de poids jusqu’à ce qu’il devienne neutre. Si la flottabilité est négative, ce ne sera probablement pas de beaucoup, donc le considérer comme neutre. Ç’est un avantage pour vous, et c’est tout ce qui compte.

Étape 6 : Mettez tout votre équipement ensemble

Ajouter tout votre équipement et placez tous les différents lestages calculés pour chaque partie. Cela devrait être très proche de vos exigences de poids normal de lestage, et il devrait également vous donner une image claire des parties où les plus grands problèmes de flottabilité se trouvent. 

Pour vérifier votre calcul, équipez-vous avec tous les éléments mesurés séparément, entrez dans l’eau et répétez l’étape 1 (mais cette fois-ci, tout équipé). Si le scénario ci-dessus joue comme il est censé le faire, vous devriez flotter au niveau des yeux ou le front dans une position détendue. Lorsque vous expirez, vous devriez commencer à couler lentement. Si ce n’est pas le cas, cela devrait se régler facilement avec moins d’un demi-kilo de plomb. Effectuez le réglage final et partez plonger !

En plongée sur épave, une bonne flottabilité est primordiale pour la sécurité

Eau salée ou eau douce ?

Si la plupart de vos plongées se font dans de l’eau douce (piscine, lac,…), alors le calcul initial de lestage doit être effectué dans l’eau douce. Et inversement si vous plongez la plupart du temps dans l’océan, faites donc vos premiers calculs dans l’eau salée. Ensuite, quand vous changerez d’élément, vous aurez besoin d’ajuster vos besoins de ballast lors du passage de la mer à l’eau douce et vice-versa. Si vous passez de l’eau douce à l’eau de mer, vous aurez besoin d’ajouter entre deux et trois kilos de lestage. A l’inverse, quand vous passerez de la mer à l’eau douce, vous devrez enlever la même quantité de plombs. 

Et la respiration ?

Le réglage du lestage tel qu’indiqué dans ces lignes n’est pas fixe et pourra évoluer avec l’habitude et l’expérience. Un plongeur expérimenté apprend à contrôler sa respiration et évite de trop se gonfler à chaque inspiration, préférant favoriser l’expiration. Cette technique a un double effet bénéfique : le plongeur, moins gonflé, présente une flottabilité moindre et il n’est pas rare, avec l’habitude, de pouvoir enlever plusieurs kilos de sa ceinture de plomb. D’autre part, en favorisant l’expiration, on éloigne ainsi les risques d’essoufflement… Mais ceci est un autre sujet d’article !

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