Par Philippe ROUSSEAU
Ils s’appelaient les Océanautes. Il y a un demi-siècle, ils ont été les premiers à vivre dans des maisons sous la mer, de 10 à plus de 100 mètres de profondeur pour le projet Précontinent : une semaine par -12 mètres à Marseille lors de Précontinent 1 ; un mois entre -10 et -60 mètres en mer Rouge lors de Précontinent 2 et enfin un mois par -100 mètres au Cap Ferrat pour Précontinent 3. Hommage à ces précurseurs avec l’histoire de l’un d’eux, Claude Wesly. (À voir en fin d’article, le film intégral “Le monde sans soleil” tourné lors de Précontinent 2).
Claude WESLY est décédé le 20 novembre 2016, à l’âge de 86 ans. Il fût, avec Albert FALCO, l’un des deux premiers « océanautes » des « maisons sous la mer », d’abord imaginées par le Captain George F. BOND, médecin-physiologiste de l’U.S. Navy, puis réalisées par le Commandant Jacques-Yves COUSTEAU assisté du Commandant Jean ALINAT.
Claude WESLY est né le 29 janvier 1930 à MALO-les-BAINS, devenu aujourd’hui un quartier de DUNKERQUE (Nord). Curieusement, c’est aussi à MALO-les-BAINS qu’était né en 1905 le Commandant Philippe TAILLIEZ. Claude WESLY ne fût pas élevé par ses parents biologiques qui s’étaient séparés quand il était tout jeune, mais par ses grands-parents maternels qui étaient fourreurs à NANCY (Meurthe-et-Moselle) et qui l’avaient recueilli. Il n’a pas connu son père. Claude passe donc son enfance à NANCY où il est élève de l’école Saint-Jean-Baptiste de la Salle. Dès son plus jeune âge, Claude souffre d’une jambe mal formée et plus courte que l’autre ainsi que d’un problème à une hanche. Les médecins de l’époque lui firent porter des fers pour remédier à ce handicap. Mais ce garçon particulièrement volontaire va décider de lutter pour prouver qu’il n’existe rien qu’il ne puisse accomplir physiquement. Il apprend à nager dans le canal de MALZEVILLE, avant de participer à des compétitions de natation. Il poursuit ses études secondaires jusqu’au baccalauréat en 1948.
C’est la passion du sport puis de la plongée qui a guidé Claude tout au long de sa vie. Il effectue son service militaire dans les Chasseurs-Alpins. Il s’entraine intensément et pratique le culturisme et le catch. De 1956 à 1960, il enseigne à l’U.C.P.A. comme professeur d’éducation physique, moniteur de ski alpin, moniteur d’escalade et moniteur de voile. En 1961, il obtient à NIOLON le « brevet national de moniteur de plongée en scaphandre autonome » n° 131, brevet fédéral alors délivré par la F.F.E.S.S.M., lors de la promotion « Conrad LIMBAUGH ». Pour ceux qui l’ignorerait, le Professeur Conrad LIMBAUGH de l’Université de Californie était un célèbre biologiste marin américain ayant trouvé accidentellement la mort en France le 20 mars 1960 lors d’une plongée sous plafond, dans la résurgence de Port-Miou près de CASSIS. Dans cette promotion du « brevet national de moniteur de plongée en scaphandre autonome », Claude WESLY eût notamment comme camarades Francis IMBERT (futur Président de la F.F.E.S.S.M.), Jacques STUPPA (professeur d’éducation physique et sportive, futur Directeur du C.R.E.P.S. d’ANTIBES), le Docteur Paul-Louis SERVETTAZ (d’ANNECY) et mademoiselle Jackie ROCHAS (la première femme monitrice de plongée).
En 1965, après la Loi HERZOG et la création du « brevet d’Etat de moniteur de plongée subaquatique » (B.E.M.P.), tous les titulaires de l’ancien B.N.M.P.S.A. ont obtenu en équivalence ce nouveau brevet délivré par l’Etat. Puis en 1975, après la Loi MAZEAUD et la création des brevets d’Etat d’éducateur sportif à 3 degrés, le B.E.M.P. permettait d’obtenir en équivalence le B.E.E.S. 2èmedegré option plongée subaquatique. Plus récemment en 2011, le B.E.E.S. 2èmedegré option plongée subaquatique a été remplacé par le DES-JEPS (diplôme d’Etat supérieur) plongée subaquatique. Compliqué !
La vie familiale de Claude a aussi été un peu compliquée. Il a eu un fils prénommé Luc, né en 1952 et qui réside actuellement à NOIRMOUTIERS. Deux ans plus tard et avec une autre compagne, il a eu une fille prénommée Lydia et qui réside actuellement à BORDEAUX.
Parmi l’équipage de la Calypso
La grande aventure commence pour Claude WESLY en 1959 lorsqu’il rencontre Albert FALCO dans la calanque de Sormiou. Ce dernier lui indique qu’une place serait disponible parmi l’équipage de la Calypso et lui demande s’il est « inscrit maritime ». Claude lui répond affirmativement, ayant été précédemment embarqué au CROIZIC pour la pêche à la sardine chez un patron-pêcheur. Bébert le présente au Commandant Jacques-Yves COUSTEAU qui lui propose donc d’intégrer l’équipage de la Calypso.
« Diogène / Précontinent 1 »
Du 14 au 21 septembre 1962, il est l’un des deux premiers « océanautes » avec Bébert FALCO à vivre la première expérience des maisons sous la mer baptisée « Précontinent 1 » : une semaine dans l’habitat submersible « Diogène » (en allusion au célèbre tonneau du philosophe grec) construit par l’O.F.R.S., et immergé à – 12 mètres devant l’île de Pomègues (archipel du Frioul, au large de MARSEILLE).
C’est un cylindre métallique de 5 mètres de longueur et de 2,30 mètres de diamètre, nécessitant 35 tonnes de lest pour le maintenir au fond. Les sorties journalières en scaphandre autonome des deux hommes durent environ 5 heures jusqu’à – 25 mètres, avec parfois quelques pointes jusqu’à – 50 mètres. Douze plongeurs assurent la sécurité des deux océanautes, dont le Commandant Philippe TAILLIEZ, le Commandant Jean ALINAT, Frédéric DUMAS, André LABAN et Canoé KIENTZY, l’opération étant supervisée par le Professeur Jacques CHOUTEAU et le Docteur Xavier FRUCTUS. Cette première expérience est un succès médiatique.
« Précontinent 2 »
L’année suivante, du 15 juin au 14 juillet 1963, Claude est le chef-plongeur de la seconde expérience de maisons sous la mer « Précontinent 2 », en Mer Rouge à Shab Rumi (récif de corail affleurant la surface, situé à 27 milles au Nord-Nord-Est de PORT-SOUDAN au Soudan), permettant de faire vivre ainsi à saturation huit océanautes.
La logistique de surface nécessite deux navires dont la Calypso, ainsi que 45 personnes dont 25 plongeurs d’assistance. Les scaphandres autonomes utilisés quotidiennement sont constitués de 40 quadri-bouteilles individuels ! L’habitat principal en forme d’étoile de mer à 4 branches, le hangar de la soucoupe plongeante en forme d’oursin géant et le hangar à outils sont installés à – 10 mètres, alors que la petite maison profonde (haute de 6 mètres et d’un diamètre de 2 mètres) est implantée à – 26 mètres. Ces habitats sous-marins nécessitent 200 tonnes de lest. Claude passera un mois dans la grande maison avec le Professeur Raymond VAISSIERE (Directeur scientifique du Musée Océanographique de MONACO), André FOLCO, Pierre VANNONI, Pierre GUILBERT (le cuisinier), et ponctuellement Bébert FALCO le pilote de la soucoupe plongeante SP 350 « Denise ».
L’immersion des plongeurs dure 30 jours avec des sorties quotidiennes pendant 5 heures et des incursions de travail jusqu’à – 60 mètres. Les deux océanautes profonds allant vivre pendant une semaine, du 4 au 12 juillet 1963, dans la petite maison à – 26 mètres avec un mélange respiratoire enrichi à l’hélium sont Canoé KIENTZY et André PORTELATINE. Ils effectuent également des sorties journalières avec des pointes jusqu’à – 110 mètres.
Les cinq derniers jours de l’opération, du 9 au 14 juillet 1963, Simone COUSTEAU / « la Bergère » va tenir compagnie aux océanautes dans la grande maison sous-marine. Parmi les plongeurs d’assistance se trouvaient entre autres Raymond COLL, Dominique SUMIAN, Christian BONNICI et Antoine LOPEZ (« Pitchoun Peï » : petit poisson en provençal). Les conseillers techniques en surface sont le Commandant Jean ALINAT, Frédéric DUMAS, Alexis SIVIRINE et Armand DAVSO.
Le tournage cinématographique de l’expérience donnera lieu à la sortie en 1964 du film long métrage « Le Monde sans Soleil ». Claude (avec le perroquet) est l’un des personnages principaux du film. Le succès est mondial puisque « Le Monde sans Soleil » va obtenir cette année-là un Oscar à HOLLYWOOD.
« Précontinent 3 »
JYC ne s’arrête pas là. Du 17 septembre au 17 octobre 1965, il organise la troisième et dernière expérience française de maisons sous la mer très profondes « Précontinent 3 » au pied du phare du Cap Ferrat (Alpes- Maritimes) : 27 jours de plongée à saturation à l’héliox à – 100 mètres, dans une sphère en acier de 5,50 mètres de diamètre intérieur (plus les épaisseurs d’isolation et les 20 m/m d’épaisseur d’acier). L’isolation intérieure s’écrasera d’ailleurs partiellement sous l’effet de la pression. La sphère est montée sur un châssis rectangulaire de 14 mètres par 8 mètres. Elle pèse 23 tonnes et nécessite 72 tonnes de lest, dont 35 tonnes de billes d’acier. Les six plongeurs sont André LABAN (chef de mission), Philippe COUSTEAU, Jacques ROLLET (physicien), Christian BONNICI, Raymond COLL et Yves OMER. Pour cette troisième expérience, Claude WESLY est l’un des plongeurs de l’équipe de secours. Il ne me l’a jamais dit franchement, mais je pense que Claude a été vexé de ne pas avoir fait partie de ces 6 plongeurs ayant réalisé cette saturation d’un mois à – 100 mètres.
Deux tourelles « GALEAZZI » sont utilisées comme moyen de sauvetage éventuel, si les 6 hommes devaient être rapidement remontés en surface, tout en étant maintenus sous pression. Lors de la conférence de presse initiale, un journaliste demanda à la Bergère si elle n’était pas inquiète pour son fils Philippe. Et Simone, avec son franc-parler, lui répondit spontanément : « Mais ils sont tous mes fils ! ».
Les sorties quotidiennes jusqu’à – 120 mètres s’effectuent aux narguilés avec système de récupération des gaz (avec un tuyau d’alimentation-gaz et un tuyau de retour-gaz aux installations techniques de l’habitat sous-marin). Ce sont donc des plongées « en circuit fermé », sans émission de bulles dans l’eau. Les plongeurs respirent un mélange d’héliox avec seulement 2 % d’oxygène pour 98 % d’hélium. Les détendeurs pectoraux utilisés ont été spécialement fabriqués et fonctionnent à « double tiroir » pour la récupération des gaz (système « Cousteau / Gagnan / Alinat / Davso »). Par sécurité, ils portent aussi sur le dos des tri-bouteilles du même mélange d’héliox avec la robinetterie inversée (au niveau des reins, pour pouvoir la manipuler soi-même). Régulièrement, la soucoupe plongeante SP 350 « Denise » pilotée par Bébert vient leur rendre visite.
Le 1eroctobre 1965, lors d’une nouvelle conférence de presse, une liaison téléphonique et TV fût établie entre les océanautes français de « Précontinent 3 » et leurs homologues américains simultanément immergés de l’opération « SeaLab 2 », vivant quant à eux à – 62 mètres au large de LA JOLLA / SAN DIEGO (Californie). Le dialogue, difficilement compréhensible à cause de l’effet « Donald Duck » du mélange à forte concentration d’hélium, se réalisa néanmoins avec l’aquanaute et astronaute Scott CARPENTER de la N.A.S.A. (programme « Mercury »). Cette expérience nord-américaine fût en effet co-organisée par la N.A.S.A. et l’U.S. Navy.
Après trois jours et demi de désaturation progressive, les six plongeurs retrouvent la surface et la pression atmosphérique le 17 octobre 1965. La preuve fût faite que des hommes pouvaient séjourner et travailler à saturation et à grandes profondeurs. Mais JYC avait déjà compris que l’étape suivante serait de ne plus dépendre de navires de surface, d’où l’idée de la conception du sous-marin crache-plongeurs « ARGYRONETE ». Elle ne fût que partiellement réalisée, puis abandonnée, avant d’être reprise et finalisée longtemps plus tard par Henri-Germain DELAUZE assisté de l’ingénieur Jean MOLLARD : le submersible rebaptisé « SAGA » à deux compartiments distincts (atmosphérique pour l’équipage de conduite, et celui en hyperbarie pour les plongeurs à saturation). Il fonctionna parfaitement, mais arrivait malheureusement trop tard pour le milieu pétrolier off-shore dont les besoins techniques avaient changé.
L’incendie de la bouée-laboratoire
La bouée-laboratoire construite et mise à l’eau fin décembre 1962 était une immense bouée statique, ancrée au large à grande profondeur avec un câble de nylon de 2.700 mètres entre NICE et la Corse, utilisée pendant 7 ans d’activités pour la recherche scientifique océanographique. Elle se composait d’un long tube d’acier vertical de 2 mètres de diamètre en moyenne, peint en jaune et noir, d’une hauteur totale de 69 mètres et dont les 52 mètres inférieurs étaient immergés sous la surface. A mi-hauteur d’immersion et à son extrémité inférieure, des renflements d’un mètre supplémentaire de diamètre abritaient quatre niveaux de laboratoires superposés, munis de 20 hublots étanches.
La partie habitable était construite sur une plateforme située à 10 mètres au-dessus de la surface. L’ensemble pesait 260 tonnes dont 115 tonnes de lest et sa forme garantissait une étonnante stabilité même en cas de forte houle ou de tempête. L’équipage permanent était composé de 6 hommes dont 2 ou 3 scientifiques. Les marins professionnels et plongeurs de l’«Equipe Cousteau» se relayaient tous les mois, alors que les scientifiques se relayaient tous les 15 jours.
Le 19 février 1965, la bouée-laboratoire est mouillée par 42° 47’ de latitude Nord et 07° 29’ de longitude Est. Claude WESLY est l’un des deux plongeurs à bord. En début de soirée, une épaisse fumée sort de la salle des machines où se situent les groupes électrogènes en fonctionnement et la recharge des batteries. Claude pense au tout début que le cuisinier a pu trop fait cuire les grillades ! Mais rapidement l’incendie prend de l’ampleur, les extincteurs automatiques n’ayant pas fonctionné et les extincteurs manuels se révélant insuffisants. En moins de 20 minutes la partie habitable est menacée par les flammes. A 20H10, le canot de sauvetage et un pneumatique avec moteur hors-bord de 18 CV sont mis à l’eau, et tous les occupants évacuent la bouée-laboratoire en sautant depuis la plateforme. Personne n’a été blessé, mais les évènements se sont produits tellement vite qu’aucun message de détresse n’a pu être émis à la radio. L’incendie se calme après 22H00, alors que toute la partie supérieure de la bouée-laboratoire est détruite. Les deux frêles embarcations restent toutefois amarrées à la bouée. Au cours de la nuit la tempête se lève. A midi le lendemain, les creux sont devenus si importants que pour préserver les deux embarcations, ils doivent couper les amarres et se laisser partir à la dérive. Une heure plus tard, les importants efforts de tension entre les deux embarcations les obligent à abandonner le pneumatique, tous les occupants s’étant placés dans le canot de sauvetage. Ils décident d’économiser les vivres présents à bord du canot, ne sachant pas pendant combien de temps ils vont dériver avant d’être retrouvés. Pendant la seconde nuit la tempête forcit, le vent atteignant 25 nœuds, et les vagues dépassent les 3 mètres.
Le lendemain matin à 07H20, ils sont enfin repérés par un avion « Bréguet Alizé » de l’Aéro-Navale qui les cherchait depuis des heures puis qui a communiqué leur position. Ils seront finalement récupérés par un pinardier de SETE.
La bouée-laboratoire incendiée sera ensuite récupérée. Ses travaux de réparations s’achèveront en avril 1966 et elle sera remise en service. En raison de la corrosion et de l’usure progressive de ses matériaux, en juillet 1970 il fût décidé de la désarmer mais elle ne fut pas « ferraillée » : le 28 février 1971 elle fût heurtée par le cargo « Kastel-Congo » victime d’une avarie de barre et elle coula à grande profondeur.
Une seconde bouée-laboratoire « Borha II » fût construite par la suite, dont la partie supérieure habitable a été conservée. Elle est aujourd’hui implantée à terre, au 430 corniche Michel Giovannini, Espace portuaire Joseph Grimaud à LA SEYNE-SUR-MER (Var), dans la zone réservée du terminal du port de LA SEYNE. C’est d’ailleurs là dans cette bouée « Borha II » que Félix TAILLIEZ (petit-fils du Commandant Philippe TAILLIEZ), avec qui nous travaillons sur un projet commun, a implanté son quartier général.
La page est tournée
De 1965 à 1969, Claude WESLY est ponctuellement chef-plongeur pour le Musée Océanographique de MONACO, dirigé par JYC. En 1967, il est recruté par la COMEX à MARSEILLE où Henri-Germain DELAUZE lui fait réaliser une plongée à saturation expérimentale de 14 jours à – 120 mètres avec des sorties grâce à un appareil à circuit fermé MIXGERS et un casque intégral PIEL EP 200 (opération « Ludion »).
De 1967 à 1969, Claude devient le créateur et le directeur du centre de voile U.C.P.A. de BOMBANNES (Gironde) et réside dans la région bordelaise. Il est l’un des tous premiers vrais moniteurs de plongée de la région aquitaine, notamment du « Cercle Océanaute de Bordeaux », à une époque très lointaine où les formateurs dans les clubs n’étaient le plus souvent titulaires que du brevet élémentaire (actuel niveau 1) ou du 1eréchelon (actuel niveau 2) !
Le départ aux Etats-Unis
Après les trois expériences françaises réussies et particulièrement médiatiques des maisons sous la mer, Claude part de 1970 à 1973 aux U.S.A. comme conseiller technique pour les expériences similaires américaines « Tektite I » et « Tektite II », toujours sollicitées par la N.A.S.A. Claude passera 11 jours à saturation à – 58 mètres, puis il passera un mois à saturation à – 62 mètres. Il travaille ensuite jusqu’en 1974 comme plongeur professionnel pour plusieurs compagnies américaines et pour « GO International » (Génie Océanographique, basé en Italie, exploitant un ancien sous-marin racheté à WESTINGHOUSE). Enfin, il collabore avec Raid ADER (le « pompier volant ») sur des puits de pétrole au Mexique.
La mauvaise période
De retour en France, les temps deviennent durs pour Claude qui va traverser une période assez difficile où il sera sous-employé par rapport à ses compétences. De 1975 à 1977, il est chef de plongée pour le Laboratoire de biologie marine de l’Université de NICE. De 1977 à 1980, il travaille comme moniteur pour le club de plongée « OMJASE » de CANNES sur l’île Sainte-Marguerite, ainsi que vendeur de matériel de plongée dans une grande surface : le rayon plongée du supermarché « Géant Casino » de VILLENAVE d’ORNON (Gironde). Claude intègre l’Association Nationale des Moniteurs de Plongée (A.N.M.P.) et utilise régulièrement son titre de « Guide de la Mer ».
La F.F.E.S.S.M. décide alors de lui venir en aide, grâce à un financement du F.N.D.S., en lui proposant en 1981 un nouveau travail : remplacer René CAVALLO en devenant « Monsieur Plongée » (délégué itinérant de « Plongée Promotion ») afin de promouvoir l’activité auprès d’un large public, y compris les scolaires, par des conférences lors de tournées dans la France entière. Il est nommé Instructeur national n° 64 de la F.F.E.S.S.M.
En 1997, Claude co-écrit avec le journaliste Maurice DESSEMOND un livre de souvenirs intitulé : « Les hommes de COUSTEAU ».
En mai et juin 1999, il est le chef d’expédition de l’« Equipe Cousteau » pour le tournage du documentaire sur le Saint-Laurent au Canada. Pendant les années 90 et 2000, Claude sera un infatigable conférencier pour la « Fondation Cousteau » et un intervenant / chargé de mission régulier notamment de la communication pour l’I.N.P.P. de MARSEILLE. Fin 2003 et début 2004, il fait partie sur l’« Alcyone » de l’expédition en Mer Rouge et du tournage du nouveau film « Le Monde du Silence revisité ».
Adieu l’artiste
Claude était un personnage d’une grande gentillesse. Dès la fin des années 70, il m’avait fait l’honneur de devenir un ami. Il commençait fréquemment ses phrases par l’expression : « Comme tu le sais, … ». Il m’avait offert le masque de plongée personnel de JYC que ce dernier utilisa lors du tournage du court-métrage documentaire consacré à l’exploration de la résurgence de Fontaine-de-Vaucluse (qui faillit d’ailleurs se terminer très mal pour JYC et Frédéric DUMAS à cause d’une intoxication au monoxyde de carbone) au cours de plusieurs plongées réalisées entre 1946 et 1955. Il s’agit d’un très curieux prototype de masque « SQUALE » à vitre amovible maintenue par quatre goujons articulés en inox et leurs écrous-papillons.
Claude était aussi un bon musicien, pianiste et surtout violoniste de talent. Il avait d’ailleurs obtenu dans sa jeunesse un prix du Conservatoire de musique de NANCY. Il pratiquait aussi bien le classique que le « blues », mais il excellait dans les improvisations de style « jazz manouche » et avait réalisé quelques enregistrements. Il était également un bon dessinateur et peintre. L’une des aquarelles de style marin qu’il m’avait offertes est toujours au-dessus de la porte de ma chambre. Après les maisons sous la mer, Claude WESLY est maintenant parti explorer l’infini de l’univers…
Merci à mon vieil ami André LABAN (décédé le 10 octobre 2018) et à Lydia MORTYR-WESLY, fille de Claude WESLY, pour leur contribution à cette rétrospective biographique, et que j’embrasse affectueusement.
Lien vers le film “Le monde sans soleil”, tourné lors de l’opération “Précontinent 2” :
SUPER hommage !!!
Bravo et merci pour eux…